lundi 30 septembre 2013

Auto-Auteur revient sur le rapport : La dynamique d'internet


Biens-Communs : bonjour, l'Auto-Auteur ! Vous avez souhaité réagir après la publication du rapport la dynamique d'internet, prospective 2030, remis récemment au gouvernement...

Auto-Auteur : C'est exact car on en a retenu surtout cette photo : le président qui joue avec le petit robot qui accompagnait le rapport...

BC : Selon vous que dit cette photo ?

AA : Elle dit concrètement : "bienvenue à la future armée d'occupation ! Réserver un bon accueil à l'occupant, certes droïde, Américain, Japonnais, Chinois... Ils sont gentils, ils viennent vous aider à devenir plus civilisés..." Enfin, je me contente d'interpréter ce que dit ce rapport ! En gros, en industrie internet les Européens sont super nuls. Ils sont encore bons dans la production industrielle de biens classiques (par exemple les sociétés du CAC40 qui semblent en bonne santé et font de beaux bénéfices), mais ces industries ne se sont pas préparées à la révolution numérique en cours, au Web 3.0, à l'internet des objets connectés. Donc on va faire fissa pour rattraper le retard tous azimuts, prier tous les saints de l'innovation, et espérer qu'on veuille bien nous attendre.

BC : Vous y allez un peu fort avec la référence à l'occupation ?

AA : Il s'agit de l'occupation de notre temps. Notre temps d'Européen. Notre temps, c'est le temps qui passe mais, c'est aussi autre chose qui d'après moi a plus de valeur. C'est le temps d'internet, un temps qui n'a ni passé, ni présent, ni futur, un temps qu'on devrait prendre la peine de beaucoup mieux étudier. La colonisation ne s'effectue pas pour s'approprier des ressources territoriales. L'Europe n'est pas la mieux pourvue en ressources naturelles. Il s'agit plutôt de s'accaparer notre insouciance, nos évidences. En d'autres mots, notre culture, notre expérience...

BC : Et pour vous on ne comblera pas le retard ?

AA : Oh si ! Le retard sera vite rattrapé. Mais entre temps les enjeux se seront radicalement déplacés. On pourra être fier de nos robots bien de chez nous, plus intelligents, plus sophistiqués que ceux qui viennent d'ailleurs (cocorico). Mais ces robots qui apprennent de nous, ils apprennent vite, puisent sans fin dans le stock de nos évidences et de notre insouciance : car la valeur est bien là dedans, en référence aux résultats de Google ou Facebook. Ce n'est pas la numérisation des articles scientifiques qui rapporte de l'argent, mais le traitement des traces de vie triviale sur le web.
Le "made in France" n'est déjà plus une indication sur un lieu de production ou même d'assemblage. On produit, on assemble dans les nuages. C'est déjà l'information qui fabrique. L'information cherche déjà à définir une sorte de génie Français en matière de production industrielle, un label. Pas la peine de trop s'astiquer le bulbe, ça veut dire que le génie Français est simplement devenu une catégorie du système d'information, avec des caractéristiques particulières, des procédures qu'il s'agit de mettre en œuvre.
Pour être Français, ou Européen il faudra se rapprocher du modèle proposé par l'information, imiter ce modèle inspiré par ce qu'on aura appris de nous aux robots. Le système et le soucis constant de nos comportements vont servir à définir nos appartenance territoriales et pourquoi pas fiscales. Les Milliardaires ne cessent de nous inciter par l'exemple à une sorte de fiscalité philanthropique. Chacun choisit son association, son soutien à telle ou telle action, plutôt que de financer les États qui gaspillent.
Non, n'ayez crainte ça ne fait, et ne fera pas mal, ça se passe tout en douceur, et les systèmes sont particulièrement plastiques, fluides, nuancés. Ils travaillent sans relâche à intégrer notre flou existentiel, nos contradictions, nos subtilités. Le système va devenir un miroir comportemental obsédant dans lequel on contemplera les efforts qu'il est nécessaire de faire pour devenir soi-même.

BC : Vous nous faites peur quand même...

AA : Ben pourquoi ? Ça vous fait peur de devoir ressembler à un Français calculé mathématiquement et extrapolé de big data objectives et incontestables : "la France on l'aime ou on la quitte !" En tout cas, si vous ne souhaitez pas ressembler au Français moyen différencié ! Et de toutes les façons vous pourrez toujours choisir d'être autre chose même en vivant sur le territoire national : une sorte de colonisation par le choix. Des choix il y en aura autant que des nombres dans l'ensemble des réels. Le souci n'est pas la liberté, mais la valeur : évidemment la valeur de soi-même !
Je reviens au rapport remis au gouvernement. L'autorité de l’État est sapée par le développement sur une période d'à peine 20 ans d'un objet technologique de communication qu'on appelle l'internet et que nos dirigeants ont le plus grand mal à comprendre ; mais nous aussi on a du mal, mais nous on n'est pas payer pour ça. Cet objet est géré par ses utilisateurs, mais plutôt Américains, par des grandes firmes exclusivement Américaines, et on ne sait pas trop, on ne veut pas trop le dire, par l’État Américain lui-même, ou bien ce sont les firmes internet qui seraient en train d'absorber l’État US.
Et de toutes les manières on s'en fiche, parce que comme le fait remarquer Alain Touraine qui vient de sortir un livre fort à propos, la société qu'on confondait souvent avec la nation, le pays, etc, ça commence à ne plus exister, tout bonnement à disparaître. Donc il reste bien des gens mais plus de territoire société qui s'imposent aux individus comme dirait Durkheim. Plus d’État, plus de société, ça veut quand même dire, plus vraiment de loi, plus vraiment de monnaie, plus vraiment de garanties collectives...
Alors il resterait les gens comme ultime valeur. Google qui semble l'avoir bien compris, a pour projet de réaliser ce qu'aucun état n'a jamais oser faire : vendre de la vie aux gens en leur promettant l'immortalité ! Si ! Si ! C'est sérieux. voir ici. Et que c'est beau la vie quand on pense différent, qu'on a une banque à qui parler, le bon sens dans sa boîte mail...
La société des sociologues elle est où ? Elle est dans le système d'information. C'est la société dans le système d'information qui détermine de plus en plus les comportements des individus. Mais là je m'égare, comme à chaque fois, je reviens sur Bruno Latour.

BC : Bon, moi aussi je commence à être fatigué, je vous propose de reprendre cette discussion passionnante un peu plus tard... Vous vouliez ajouter quelque chose ?

AA : Oui, je voulais encore dire que les gens, surtout ça partage, ça ne sait pas vraiment faire autrement et ajouter que c'est ce partage qui a une valeur, en tout cas, que c'est ce partage qui aujourd'hui rapporte beaucoup d'argent aux sociétés internet. Aussi je voulais souligner l'effort pédagogique des auteurs pour décrire en introduction, l'histoire technique et les caractéristiques d'internet. Simple, clair, utile et précis.


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