jeudi 31 janvier 2013

Privatisation du domaine publique

Source :Blog de Philippe Aigrain

Extraits de ce blog :

"Un communiqué diffusé par le ministère de la Culture dans lequel Louis Gallois (Commissaire général à l’investissement) et Bruno Racine (président de la Bibliothèque nationale de France) annoncent la signature de deux nouveaux partenariats public-privé en matière de numérisation du patrimoine physique détenu par la bibliothèque Nationale. Ces accords se caractérisent par une privatisation (droits d’exploitation commerciale exclusive pour 10 ans) d’un patrimoine appartenant pour tout (les livres anciens) ou partie (les enregistrements sonores 78 et 33 tours) au domaine public."

"Pourquoi est-ce scandaleux ?

Le pire c’est qu’ils trouvent ça « normal ». Il serait donc normal sous prétexte que l’Etat est fauché et qu’il y aura des bénéfices d’accessibilité à terme (dix ans sauf pour quelques « bonus » et au fur et à mesure de la numérisation dans les seuls locaux de la BNF) d’exproprier chacun d’entre nous des droits qu’il a à l’égard du domaine public pour en attribuer le privilège d’exploitation exclusive à des acteurs économiques. J’utilise à dessein le mot « privilège » car il n’est pas sûr que l’exclusivité soit basée ici sur le droit d’auteur, on en est probablement revenu au temps des privilèges d’imprimeur, à un échange de bon services entre l’Etat et des acteurs privés. Hier c’était donne-moi la censure, je te donne l’exclusivité. Maintenant, prête-moi des sous demain, je t’en donne aujourd’hui avec l’exclusivité. Il n’est pas prouvé du tout que la numérisation effectuée par ProQuest et Believe sera à qualité égale moins coûteuse pour l’Etat que celle qui aurait résulté d’un appel d’offres pour un pur prestataire de numérisation."

lundi 21 janvier 2013

Les FAQ du service Pourliche premium

Question :
Est-ce qu'avec ce service, je peux avoir accès gratuitement à l'ensemble des œuvres littéraires tombées dans le domaine public ?

Notre réponse :
Pour à peine quelques euro par mois, nous proposons un abonnement spécialisé qui vous permet en effet, d’accéder sans aucune limitation à toutes les œuvres libres de droit. Toutefois vous savez sans doute, que le ministère de la culture s’apprête à privatiser incessamment le domaine public. Notre champ d'action s'arrête où les intérêts privés commencent. C'est pourquoi nous vous conseillons dès aujourd'hui d'anticiper ces nouvelles dispositions, en souscrivant à l'une ou l'autre de nos formules globales. Pourliche premium global offre en effet, d'immenses facilités pour s'arranger en cas de litige, avec l'Hadopi, les juges et le parquet et tant d'autres intermédiaires. Nous avons d'ores et déjà entamé des négociations avec les futurs ayant droit privés, afin que nos adhérents globaux bénéficient de l'accès universel qu'ils méritent, par exemple sous forme de cadeaux promotionnels, ou de prêts sans obligation de restitution.

Question :
Pourquoi Pourliche premium resterait-il un service public ?

Réponse :
Notre mission consiste dans l'amélioration conséquente de la qualité des relations entre l'administration et ses usagers. Nous considérons que les usagers par leurs contributions deviennent en quelque sorte, les actionnaires de nos services, et leur devons à ce titre un soin et une attention sans faille. Dans le cas d'une privatisation, notre œuvre générant alors du profit, changerait forcément de nature. Chacun serait en droit de poser la question du partage des bénéfices et du prix de l'accès à l'actionnariat qui pourrait s'envoler, et ne plus devenir qu'à la portée  de peu de personnes privilégiées, triées sur le volet, de plus "toujours les mêmes!". Cela constituerait une injustice fondamentale ressemblant de plus en plus à une escroquerie à grande échelle. 

Nous envisageons pour notre part, notre mission sociale avec le plus grand sérieux, une éthique communautaire digne de confiance, un sens des responsabilités quasiment familial. Nous souhaitons fonctionner comme des hommes et des femmes d'honneur, toujours inquiets de la justesse et de l'excellence de nos actions sans attendre de rétributions excessives. Pour vous servir, les contributions des usagers sont entièrement réinvesties par nos soin. Elles participent entièrement de l'amélioration des conditions de vie de certains fonctionnaires, les plus méritants, qui du même coup deviennent plus productifs, plus efficaces à résoudre les problèmes que vous rencontrez, à débloquer pour vous des situations inextricables. Nous élaborons des relations "gagnant gagnant" sur mesure, à la hauteur des ambitions légitimes de nos adhérents. Nous ne pouvons donc que nous présenter comme une entreprise publique de production de cercles vertueux.

Question :
Ce service me permet-il de modifier l'orthographe du mot FAQ, que je trouve personnellement beaucoup trop académique ?

Réponse :
En effet la gamme Pourliche premium comprend un service conçu en lien étroit avec l'Académie Française et tous les éditeurs de dictionnaires, afin de répondre à ces problèmes lexicographiques qui ont le pouvoir fâcheux d'invalider la joie de vivre de certains gourmets. Mais l'abonnement à ce service, essentiel, reste l'un des plus onéreux de notre gammes. En effet malgré tous nos efforts de persuasion, et malgré la pression des plus habiles de nos hommes de main, nous ne parvenons pas à ce jour à faire plier le syndicat du livre, campé sur des positions industrialo-élitistes teintée de valeurs judéo-chrétiennes, héritées d'un autre temps. Pour contourner l'obligation que nous avons de pratiquer un tarif exorbitant pour ce service, hors de prix du fait de l'invocation syndicale du syndrome de la tour de Babel, nous vous conseillons vivement, surtout si la modernisation du terme FAQ vous tient à cœur, de souscrire à l'une ou l'autre de nos formules globales. Nous saurons quand à nous, mettre en œuvre les incitations, spécialement dédiées à vous servir, qui décourageront les plus farouches récalcitrants de peur de perdre leur latin.
Cliquez sur "plus d'infos" pour adhérer sans délai :

samedi 19 janvier 2013

France5 Replay

Comme je ne réussis jamais à organiser ma journée pour être fin près au garde à vous devant la télévision à l'heure du début du programme qui m'intéresse, comme par exemple un documentaire sur la vie de Laurent Ruquier (c'était sur France2 mais repassera sûrement bientôt sur France5, la chaîne publique dédiée à l'éducation, à la formation et à l'emploi), je recours au service de rattrapage qui permet de visionner certaines émissions pendant sept jours. Les décalés du poste se reconnaîtront.

Hier dans la nuit je me suis connecté au replay de France5 qui, pour le moins n'est pas franchement convivial : celui qui a conçu ce site, soit n'a pas été payé, soit est fils de diplomate d'un pays ami qu'on ne peut contrarier pour raisons de sécurité ou d'état. Avec du mal, j'ai fini par choisir un documentaire (forcément celui qui était au bout de liste, ça m'a pris des plombes) et en lieu et place de la diffusion, une interface interactive s'est affichée sur mon écran de TV. En gros cela disait : "si vous voulez accéder à ce service public aux heures de grande écoute, vous devez vous abonner pas cher pour le minima, deux fois plus cher pour la totale!" Sinon c'est gratuit, mais il ne faut plus que l'envie de regarder vous prenne à certaines heures. Culotté, quand on sait que France5 remplit sa grille de programme par de nombreuses rediffusions.

Mais j'ai trouvé cela formidable. Grâce au financement, même trop maigre, de la redevance audiovisuelle,  France Télévision faisant feu de tout bois, a trouvé le moyen de se payer un génie, un créatif, peut-être a-t-elle rémunéré aussi tout un service ad-hoc, pour inventer et développer cette idée sublime : la tarification des services publics gratuits pour tout le monde aux heures de pointe. Enfin une innovation dans le domaine des NTIC! Une nouvelle économie est en train de naître. Soyons fiers d'être Français et investissons nos impôts dans les écoles de commerce! Car moi, subitement j'ai plein d'idées nouvelles, et cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps : ça sent bon la relance.

Par exemple, je propose de subventionner le démarrage d'un nouveau service révolutionnaire par la taxation des moins-values qui aura au moins la vertu, d'inciter les losers à faire mieux, au lieu de se plaindre, s'ils ne veulent pas payer. Le service s’appellera "Pourliche prémium" avec la formule simple et la totale. 

Voilà! Vous n'avez plus envie de faire la queue à la mairie ou la Poste, avec l'abonnement Pourliche premium; vous êtes prioritaire et vous grillez tout le monde. Avec l'option totale, qui vous coûtera seulement deux fois plus chère, vous avez en plus le droit de faire un doigt d'honneur à la foule des jaloux. De même, le périphérique est bouché, engorgé, il vomit des autos comme un bouche d'égouts qui déborde, et il vous semble que vous n'avez pas que cela à faire. Avec l'abonnement simple vous empruntez la bande d'arrêt d'urgence, avec la totale, vous répondez aux coups de klaxon par une série d'insultes que nous avons concoctée pour vous. Nous avons la série mépris, du genre : "Regarde moi ça! Tous ces gens qui seront retard au boulot! Si c'est pas malheureux..." La série très colorées des "ta mère", nous avons du misogyne, de l'homophobe, du raciste! Que du grossier mis à jour en temps réel, à l’affût de toutes les innovations dans le genre (argot, verlan, rage de dents). L'imagination n'a aucune limite dans ce domaine : Pourliche premium non plus!

Nous allons rapidement nous déployer dans tous les services publics, faciliter le travail de la police, de la justice ou de l'éducation nationale. Plus nous serons nombreux, moins les fonctionnaires pourront se consacrer à cette masse informe des autres qui leur font perdre un temps précieux. Pour réussir à l'école, pour réussir des études supérieures, Pourliche premium s'associe aux plus grands professeurs de notre pays et à une marque de lessive. Glissez votre abonnement dans la copie d'examen et Pourliche premium vous accorde votre diplôme avec ses félicitations : avec la formule simple, la marque de notre sponsor apparaît en filigrane délicat sur le document officiel ; avec la formule totale, vos palmes sont garanties en toute discrétion.

Comme vous hésitez peut-être encore à nous rejoindre, et que vous pensez à juste titre, que lorsqu'on a goûté à Pourliche premium une fois, on ne peut plus s'en passer, si vous craignez de tomber de haut, le jour où pour un service public quelconque vous n'auriez pas pensé à souscrire un abonnement, nous avons mis au point avec la complicité des plus hauts commis de l'état, une adhésion globale
dont la simplicité et l'évidence ne pourra que finir de vous convaincre.

Pourliche global sérénité a été conçu pour les personnes qui, comme vous, souhaitent cultiver les avantages de ces nouveaux savoir vivre sans mesquinerie. Tous les mois Pourliche global sérénité prélèvera en douceur à la date qui vous convient,  50% de vos revenu, pour un service tout compris, à valoir dans tous les services publics sans distinction et sans modération. Vous obtenez la priorité universelle, le sésame de la VIP, le détachement complet des Very Important Emmerdements. Pourliche global l'a fait pour vous! Car Pourliche global est un service public comme les autres, œuvrant sans relâche pour la démocratisation des manières de l'oligarchie toute puissante. Oligarchie pour tous est notre plus chère devise. Que chacun puisse se comporter au quotidien comme un nouveau riche, ou comme un milliardaire, fonde l'horizon de notre action. Et nous pouvons encore aller plus loin ; il reste encore tant à faire...

Nous réservons Pourliche global double fidélité au cercle intime de ceux qui resteraient dans une insatisfaction relative sans une priorité sur les prioritaires. C'est aujourd'hui le must de notre gamme qui ne manquera pas de s'élargir. Vous apprécierez alors la fluidité de l'accès à tout, le comblement du "tout! tout de suite!", le confort de l'exclusivité, la jouissance de la propriété d'autrui, l'acquisition à l'international d'un titre de votre choix, Monseigneur, Maître, Excellence, Dieu. Vous aurez tout, juste en doublant la prime de l'adhésion simple.

Rejoignez-nous ! Profitez des privilèges offert par la nouveauté de ce service, n'attendez pas notre montée en puissance, vous méritez de faire partie des précurseurs! Avec notre dernière formule, vous avez une chance unique a saisir : car pour l'instant nous ne sommes qu'un, mais cela ne devrait pas durer longtemps!


vendredi 18 janvier 2013

Citron Cyanure

Si vous chercher un éditeur pour publier un livre qui explique par exemple que les pauvres ont plein de privilèges dont il faudrait ouvrir l'accès au plus grand nombre, que la bombe atomique ça ne fait pas mal, que la précarité c'est le remède à l'ennui, ou que les contrôles de police vous trouvez ça génial, cette maison d'édition est certainement pour vous. Dans tous les cas, n'hésitez pas à la visiter, ça vaut le détour! Leur façon de se différencier des autres éditeurs : "avec nous et pour vous, tous vos textes seront lus et commentés et nous vous dirons pourquoi ils ne sont pas retenus" (il est vraiment trop nul votre bouquin, vous écrivez avec les pieds...) ou "Pas de titre sur la couverture des livres pour inciter le lecteur à entrer!" (une idée géniale pour enfin se distinguer non plus par la jacket mais par le contenu, trop de place a été laissée aux apparences dans le monde de l'édition). Il était temps que Citron Cyanure mette enfin le cynisme à portée de toutes les plumes... Une maison d'édition à fort potentiel!

http://www.editionscitroncyanure.fr/index.html

Des avertissements pour libérer les expressions les plus corrosives (celles qui font le mieux vendre) :

 

mardi 15 janvier 2013

Connerie pour tous

 L'orientation politique, voire religieuse ou sexuelle des présentateurs météo influence-t-elle le temps qu'il va faire? Si tel était le cas, ce serait un début de tyrannie climatique! Le CSA devrait rapidement se pencher sur la question urgente de la météo d'opinion à la télévision. Si le CSA s'ennuie il pourrait aussi s'atteler à mieux définir l'humour neutre, objectif et informatif, qu'on doit pratiquer sur les médias (de plein gré comme à l'insu de son plein gré). On lira ce qui suit à propos de l'insidieuse météo du dimanche :

Mariage pour tous : Colère des internautes après un commentaire ambigu d'un présentateur d'i-Télé

 Mariage pour tous : Le présentateur météo de France 3 conseille de "rester sous sa couette"

"Connerie pour tous" serait une bonne loi pour se libérer du monopole de quelques privilégiés ; Un droit, sans obligation, mais sans se priver, se ménager, pour toucher à la fidélité du meilleur ou du pire. 

Donc pour résumer, les journalistes d'investigation météo ont conseillé pour la journée fraîche du lendemain, à l'homophobe de sortir couvert et à l'homophile de rester bien au chaud. Et comme les deux Phile et Phobe n'ont ni le choix, ni le droit, de se détester, de se haïr, de s'insulter, ou de... et encore moins de... avec ou sans modération (les vieux couples le font tout de même mais en secret par des silences qui disent tout ), chacun des deux lascars a écharpé au vol, la malheureuse institution de Météo France, (ce monopole d’État qui de droit se trompe de tout temps), pour la maudire d'avoir si injustement trop bien prévu cette fois. Belle scène de ménage, sans épouse, sans mari, sans maîtresse et sans amant.

Une météo plurielle avec des minorités pesant de leur juste poids sur les prévisions, annoncera que mieux les tempêtes furieuses de demain.

Dreamlands

Cela fait 918 jours que l'aventureux Olivier Hodasawa est sur la route et qu'il vagabonde à travers le monde : une véritable fabrique à souvenirs. Il tient un carnet de voyage sur un blog : dreamlands . On peut l'accompagner un moment : s'évader un peu avec lui, sentir les vapeurs d'essence de sa vieille caisse pourrie, s'arrêter au milieu de nul part, dormir n'importe où, et se bourrer la gueule avant de faire le plein de photos plus ou moins réussies, rêver un peu ensemble quoi! Et vite rentrer à la maison... Car Olivier est comme nous, il s'embête au bureau, et affalé sur son ordinateur avec google earth et google tout court, il nous emmène loin, très loin...

lundi 14 janvier 2013

A qui est cette chanson?

"A qui est cette chanson?" est un film documentaire de Adela Peeva. Il s'agit d'une sorte d'enquêtes road movie à travers les Balkans pour découvrir l'origine d'une rengaine, sa source originelle, son terroir, peut-être même la nature profonde de son âme. Le problème est que cet air là, tout le monde le connaît, tout le monde l'a fredonné, même vous, même moi, et chacun est persuadé que ça vient d'un certain endroit et pas d'un autre. En greffant là dessus "un zeste" de nationalisme chauvin propre à cette région, Adela Peeva réussit à faire monter le ton à la limite d'un début de guerre civile (ethnique pour ne froisser personne!). A qui est cette chanson?, à qui est cette histoire, à qui est ce bout de terre, à qui est ce bon dieu, à qui est mon reflet? C'est à moi et pas à toi, et si tu insistes je te bute. Ça nous ressemble de plus en plus! Mais je suis d'accord ce sont les autres qui ont abusé les premiers.

Un film sirupeux et aigre comme un yaourt bulgare...
 

dimanche 13 janvier 2013

Il n'y aura plus que des réponses !

En 1985 dans un inédit de "Vivement dimanche prochain", Marguerite Duras réponds aux questions de Michel Drucker à propos de l'an 2000...


vendredi 11 janvier 2013

Le rectorat

Z marche sur le parvis du rectorat. Il observe une fille qui se dirige vers lui sur un vélo écolo à panier. Sa jupe trousse et retrousse dévoilant des jambes lisses et dorées. Un homme qui passe près de là, aborde la demoiselle : "Eh ! Tu me fais faire un tour ?" La fille ne répond pas. Et Z, qui a observé la scène, de conclure par une pensée énigmatique : "A trois sur un vélo ? Ça ne marcherait jamais."

C'est la rentrée des classes en septembre 1991. Les enseignants remplaçants de collège et de lycée, les maîtres auxiliaires, vivent la pire des angoisses ; leur grand avenir, leur devenir, leur carrière vont se jouer sur quelques jours dans les bureaux secrets du rectorat. Seront-ils profs cette année encore ? Ont-ils encore une chance ? Assez de points ? Iront-ils ici ou plus loin ? Pour l'instant nul ne le sait encore. La coutume veut que l'on vienne s'enquérir sur place, pour montrer qu'on existe encore, qu'on a toujours une forme humaine, qu'on n'est pas qu'un avatar du barème d'affectation. Qui seront les nominés ?

Un rectorat c'est beau. Beau comme une tour de verre rongée de galeries tortueuses. On s'y hisse dans des puits de pédagogie creusés par des vers au teint pale presque  transparent. On aime à fourmiller sous des montagnes de paperasses tamponnées à l'encre rouge, et qui rendent du même coup la tour de cristal, parfaitement opaque.

Z fait partie de ces jeunes profs qui arrivent. Il sait que derrière les vitres du rectorat deux mille yeux le regardent, le scrutent, le jaugent, l'évaluent. Il sait que pour l'enseignement, il n'est pas vraiment au point. Mais il a confiance. Il sait qu'il grandira.

En croisant un inspecteur moulé dans un costume de contrôleur SNCF, allant d'un pas vif qui rase les murs, et, qui contrebalance avec grâce la charge d'une serviette en cuir lourde d'éloges et de blâmes, il ne doute pas que ce dernier, fût à ses débuts aussi, un glandeur incompétent que l'institution a su fondre, couler et polir dans sa forge.

Z, à l'image des autres s'était dit après une journée de gueule de bois : "Je change de filière : finie la galère avec les potes, j'ai décidé d'être un professeur ! Moi aussi, je veux devenir un maître !"

Et ce sont ces grandes résolutions, légères mais pleines d'espérances, qu'il vient depuis, porter au rectorat. Z y entre et accélère le pas. Une dame d'aiguillage affolée par le brutal déplacement d'air le hèle alors sans ménagement :

- Hep vous !
- Oui moi ?
- Vous ne savez pas qu'il faut vous annoncer et dire où vous allez ?
 Z hésite :
- Non, euh... Oui! Euh... Enfin d'habitude...
Elle renchérit :
- D'habitude ou pas, il faut dire où vous allez.
Troublé il bafouille encore :
- Eh bien... C'est à dire... Je vais au bureau euh...
Elle le coupe et reprend le plus sèchement qu'elle peut.
- Allez-y.
- Mais en fait, je crois que je ne sais pas où c'est.
Entre agacement et triomphe :
- Mais, dites-moi monsieur, qu'est-ce que vous recherchez ?
La réponse est gémie plus que cinglée, mais finalement un peu tout à la fois :
- Mais du travail, madame ! Je suis en fin de droit, moi !
La dame compatit et dégonfle la voilure, se sentant soumise à des arguments trop terre à terre :
- Pfouit ! Le Bureau des maîtres, le bureau 312, c'est par là.

Mince ! L'ordinateur a mangé la fin de l'histoire : on ne connaîtra donc jamais la fin ! A moins que...

jeudi 10 janvier 2013

Synchrotron

"Synchrotron : genre de poisson rouge mutant choqué à l'ère de l'anthropocène pour  qui n'oublie pas qu'il tourne en rond..."
Pour faire de la poésie avec le synchrotron rendez-vous sur  :

Projet Thinkrotron : Appel à poétiser la mémoire du Synchrotron

MEZA | LAB

Pour ceux qui se sont faits dégager dans la vraie vie la 3D embauche ici