samedi 19 décembre 2009

Un roman photo : La cinquième roue

Comme lundi c'est "Global orgasm", ça nous laisse encore un peu de temps pour les préliminaires. Un roman photo c'est facile et ça met de bonne humeur. C'est forcément une histoire à l'eau de rose avec un peu de texte et beaucoup de photos. Ça peut se déguster comme des papillotes : il y a du fondant, du craquant et du "on ne sait pas trop", aussi du noir, du blanc, du gris et, pour emballer le tout, du jaune et du rouge. Sans blague !

Les photographies ont été réalisées en 1994, ont vinifié longtemps au fond d'un ordinateur, en fait, ont été transvasées d'un format à un autre, puis à un autre, d'un fût de chêne Macintosh, foudroyé par un orage, à une cuve de secours Windows intransportable, ça a été touillé par du Linux, puis exfiltré par du Mac, une première fois, une deuxième fois, avant d'obtenir le distillat JPEG aux arômes compatibles avec l'open access PDF. Voilà pour la recette, pour la dégustation :
y'a de la poire, ça y'en a, de la pomme, un peu, de la betterave, plein, le fantasme de Lulu la Nantaise, sûrement, un album photos souvenir, absolument.

cliquez sur l'emballage...






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mardi 15 décembre 2009

En vrac

Racaille ou canaille (Benoît Hamon) le chômage a dû mal compter ses ouailles : oups-l-insee-vient-de-decouvrir-80-66571

La suisse plus sensible à la souffrance animale qu'aux charmes orientaux des minarets : des avocats pour animaux...

Les entreprises du CAC 40 paient seulement 2.3 fois moins d'impôts que les PME : elles doivent pouvoir faire encore mieux. De toutes les façons elle ne créent déjà plus d'emplois en France et font leurs profits à l'étranger. C'est toujours ça de pris pour pouvoir les renflouer en cas de pépin !

Des drapeaux étrangers pour les mariages, des jeunes qui parlent verlan, des casquettes de travers, l'accent pas comme chez nous. Décidément ils ne sont vraiment pas comme nous ! Et ça défoule !
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/12/15/morano-demande-aux-jeunes-musulmans-francais-de-ne-plus-parler-verlan_1280656_823448.html#xtor=RSS-3208

http://www.rue89.com/2009/12/10/interdire-les-drapeaux-etrangers-lump-singe-le-fn-129414

Nocivité des chiffres, nocivité des minarets et de la tolérance, vous reprendrez bien un peu de maïs OGM pour reprendre des forces : sans façon, il paraitrait que ça rendrait menteur et raciste, même les animaux n'en veulent plus, d'ailleurs ils ont engagé des avocats pour changer de régime.  http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/12/11/une-etude-prouve-la-nocivite-pour-l-organisme-de-trois-mais-monsanto_1279552_3244.html#xtor=RSS-3208

Une prime à la logique du bouc émissaire : à faire porter par une partie de la population, une communauté ou une catégorie de gens, la responsabilité des problèmes d'une nation ; on met des visages sur les problèmes, on fait focaliser tout le mécontentement de l'opinion sur ces personnes, on les stigmatise, mais on peut aussi aller beaucoup plus loin... Des solutions intermédiaires ou finales... Les poissons rouges ne s'en souviennent plus. Il y a d'autres avocats pour plaider la cause des poissons rouges. Non ? Le bon et le mauvais racisme

Grand emprunt

L'état va emprunter 10 milliards d'euros pour financer 10 projets d'avenir liés au développement de la recherche, de l'innovation et des universités. Le mécanisme est le suivant pour chaque projet : l'état emprunte sur le marché 1 milliard, qu'il reverse à un organisme universitaire. Celui-ci en dispose comme d'un capital donc il l'investit sur le marché, en rachetant l'emprunt d'état. Résultat : l'organisme universitaire récupère les intérêts de l'emprunt, environ 4%, soit 40 millions d'euros par ans. Mais comme ces intérêts, c'est l'état qui les doit, ce sont donc les contribuables, tous les contribuables qui financent en fait ces projets.

Qu'est-ce que cet argent finance ? On parle de grands pôles de compétence autonomes associant les universités, les grandes écoles, les établissements de la recherche, et les entreprises, autour des défis industriels générés par le développement prochain de "l'économie de la connaissance". Il est très probables qu'à travers les grandes écoles, les grands corps d'état (comme par exemple le corps des mines) associés aux groupes industriels nationaux prennent une part importante dans le pilotage de ces projets. Autrement dit cet emprunt va participer fortement au financement du secteur nucléaire, ou de celui des nanotechnologies. A priori, ce n'est pas un mal en soi, mais...

Il y a simplement et depuis longtemps des interrogations récurrentes sur les coûts et l'adéquation des politiques industrielles menées souvent d'une façon opaque par ces corps d'élite, et aussi une vrai difficulté à instaurer un débat démocratique comme une certaine transparence dans cette matière. Finalement cet impôt qui ne dit pas son nom, remporte à bon compte une adhésion forcée et massive de tous les citoyens, là où un débat démocratique sur la nature de la société, et de l'avenir qu'on souhaite construire ensemble serait source de clivages insurmontables.

La philosophie de cet emprunt montre que les enjeux actuels et futurs sont toujours implicitement liés à la capacité des états et des entreprises, à centraliser et à concentrer les pouvoirs, pour faire au mieux dans la compétition mondiale. L'argent va donc à l'excellence, sans que celle-ci ne soit bien définie (excellence des polytechniciens traders pour la multiplication des profits financiers ? Excellence du projet SuperPhénix ? Excellence dans la manipulation de ce que l'on fait des déchets nucléaires ?) et provient d'une certaine façon, de la médiocrité (la masse) la valeur dominante, et sûrement partagée par le plus grand nombre. Ce projet ne précise toujours pas ce que les états vont faire des professeurs ratés ou des chercheurs ratés, et de tous les ratés, exclus de fait du système depuis fort longtemps, et qui très certainement, s'il ne se trouvent pas dans le bon wagon, le seront de plus en plus. Tous ceux-là n'existent pas !

Ainsi donc, nous nous apprêtons à re-financer une concentration des pouvoirs financiers, économiques et politiques, cette même concentration qui est fortement remise en cause par une part importante de la société : remise en cause de ces fondements quant à la bonne marche du monde, remise en cause dans le creusement des inégalités, remise en cause quant à ces fondements démocratiques (on aurait pas d'autres choix), remise en cause de la capacité du système à intégrer des valeurs humaines, remise en cause de l'opacité qui autorise ceux qui savent à manipuler les autres.

A l'opposé d'autres solutions sont prônées, peut-être d'une façon utopique mais cela reste à discuter, et proposent d'envisager la créativité, l'innovation, le futur en impliquant beaucoup plus "les gens" médiocres ou pas dans cette construction. Plutôt que de déléguer à des "spécialistes" ce que devront être les moyens nécessaires pour demain, il s'agit de faire déjà avec ce que l'on a, avec qui l'on a, et d'encourager les gens à développer et à partager des solutions collectives aux problèmes qui se posent. Par exemple en développant des réseaux de production décentralisé d'énergie propre, ou en développant des logiciels libres, en émettant de nouvelles monnaies plus adaptés au type d'échanges qu'ils ont entre eux, en usant d'une manière autonomes les biens communs, sans référer à des logiques d'état ou de multinationales. Ces solutions ne sont, ni moins scientifiques, ni moins technologiques que les autres, elles sont simplement moins centralisatrices et préfèrent voir dans la fragmentation des expériences plus de richesse que dans le formatage concentrationnaire. L'inconvénient de cette vision du monde est essentiellement politique, puisqu'elle remet en cause la façon dont se fait la gestion des ressources humaines, au niveau national et bien au delà, et donc la façon dont s'est instituée la domination, des uns sur les autres à l'intérieur d'une société, de certaines firmes sur d'autres, de certains pays sur d'autres, au niveau mondial.

Ainsi ceux qui attendent de ces investissements les prémisses d'une révolution verte risquent de déchanter tant les impératifs économiques pourraient prendre le pas sur l'efficacité modèles innovants, ceux qui militent contre les concentrations économico-politico-industrielles devront passer à la caisse et participer au développement de ce qu'ils rejettent. Les investis, ceux qui prennent la lourde responsabilité de définir notre devenir et notre avenir, devront très sérieusement réfléchir aux manières de distribuer leurs profits (s'ils en font) afin d'intégrer les gens, même les ratés dans leur projet (vaste problème). Nul ne consentira à des sacrifice pour construire un monde d'où il est exclu, à moins que les progrès de la technologie dans laquelle on investit ne permette à terme un contrôle totalitaire des dominants sur les dominés.

mardi 8 décembre 2009

La compensation créative

Dans cet article publié sur son blog (lire l'article), Philippe Aigrin fournit quelques détails sur les intentions de la SACEM pour compenser le manque à gagner, lié selon elle au piratage des œuvres musicales sur internet. La SACEM propose donc tout simplement d'instaurer une taxe supplémentaire, dite indolore, d'à peu près 1 euro (3%) sur chaque abonnement au fournisseur d'accès internet. Bien sûr, il n'est pas question que cette taxe permette un droit au téléchargement. Autrement dit les internautes pourraient avoir à payer 12 euros par ans parce qu'ils sont tous soupçonnés d'être des voleurs de chansons (au prix de la chanson ça fait 12 titres, les sourds et les malentendants sont ravis !). Qui vole un oeuf vole un boeuf, il n'y a pas de limite à ce genre de raisonnement indolore. Doit-on se sentir solidaires des pirates qui ont volé sans vergogne sur le net le dernier tube de Didier Barbelivien. Franchement qui a bien pu faire ça ? Barbelivien lui-même ?

Le principe de la compensation est en même temps génial, car les présumés voleurs que sont les internautes, pourraient réclamer des compensations ré-créatives aux auteurs compositeurs domiciliés hors de France pour des raisons fiscales. Les régies publicitaires pourraient demander des compensations aux fabricants de zappeuses qui permettent d'éviter les pubs qui financent le programme qu'on regarde et que du coup on vole... Un jour la SACEM réclamera une compensation pour les artistes qui ne vendent plus, à ceux qui diffusent leurs oeuvres gratuitement : une façon détournée de faire taire ceux qui ont quelque chose à dire ?

Identité nationale

Qu'est-ce qui réunit assurément tous les Français : une carte d'identité et une nationalité. L'état doit faire avec. Il n'y a là, ni histoire, ni religion, ni culture, ni filiation, ni héritage, juste être ou ne pas être. A moins que le débat ne porte sur la pertinence philosophique et juridique de la notion de peuple souverain ? L'Etat peut-il réformer le peuple ?

Alors débattre sur les valeurs nationales, léguées par l'histoire, inscrites dans les territoires, relayées par des grandes personnalités, par l'état, par la religion ou par la culture au quotidien, voir comment chacun se positionne par rapport à ces valeurs, comment ces positionnements construisent des identités diverses et variées, qui dialoguent, s'ignorent, ou se combattent. Pourquoi pas. Débattre sur l'identité nationale, c'est implicitement nié le lien politique, la citoyenneté, qui relie à une nation des gens qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. L'identité nationale n'est pas une valeur mais un état de fait.

Les citoyens ne sont pas des ressources humaines comme les autres, qu'on peut chercher à recruter selon leur profil et, selon leur appétence pour une culture d'entreprise ou de la nation. Ils sont tout simplement la nation avec ce qu'il y a de pire et de meilleur.

Médiapart fait circuler une pétition de protestation contre la tenue d'un débat de ce type :
Pour lire l'appel : http://www.mediapart.fr/node/69735

Un certains nombres d'universitaires et de personnalités font circuler une autre pétition réclamant la suppression du ministère de l'identité nationale : on peut trouver ça là:
http://appel.epetitions.net/

dimanche 6 décembre 2009

Carignon dans la police ?

Que fait Alain Carignon ? On peut lire cet article paru dans Lyon Capitale

Mais que fait Carignon ?
Il n'est pas en zonzon ?
Quatre ans fermes sans sursis, par vraiment un bandit ?

Une brave victime innocente reprise par la justice !
Pas le genre d'un repenti,
Trop d'amis, de complices, l'attendent à la sortie.

Avec un tel casier dépucelé en beauté
Bienvenu dans la police, il n'y aura pas de récidive
On fera une grande lessive,
Et pour les honneurs dégueulassés :
Les magistrats, les juges, on va tous les niquer !

Mais méfies-toi la police
Des balances qui poucavent gratuit
Si c'est, trop que du mytho
Ça risque de créer encore de gros ennuis.

jeudi 3 décembre 2009

Nano débat à Alpexpo

Mardi soir 1er décembre, devait se tenir à Alpexpo (Grenoble), un débat sur les nanotechnologies, dans le cadre du Grand Débat National qui se déroule actuellement. Mais, si on a bien eu le temps de brancher les micros, les nanos ont été très rapidement déboutées, le débat annulé, nanifié par la maxi contestation d'un groupe d'opposants. A croire certains commentaires de cet événement, les méchants qui auraient organisé ce coup de force, seraient de la mouvance anarcho-écolo, voire, ultra gauche de Carnac : les adeptes d'un nouveau fascisme obscurantiste. Une minorité d'activistes qui auraient pour unique horizon un retour au moyen âge. D'après Pièces et Main d'Oeuvre qui est une composante de cette méchanceté, le rejet du débat national et de toute discussion sur le sujet, est parfaitement assumé. Ils estiment que les questions ne doivent pas porter seulement sur les risques (à prendre ou à ne pas prendre) liés à ces nouvelles technologies, mais surtout sur la viabilité du monde, de l'avenir, qu'elles vont contribuer à fabriquer. Ils sont très clairs, de ce monde-là, ils n'en veulent pas et ce, quelles que soient les précautions prises dans le cadre de l'exploitation des nanotechnologies.

Les gentils, les organisateurs du débat, les supporters des sciences et techniques, mettent plutôt en avant, les enjeux économiques, la croissance et les emplois induits par ce type de développement, comme le potentiel d'innovation, par exemple pour la médecine. Mais dans le même temps, cette communication positive a du mal à canaliser, voire à ne pas revendiquer aussi, d'autres projets d'applications des nanotechnologies qui ne soulèvent pas forcément l'enthousiasme général. Par exemple, la mise au point d'une peinture sur laquelle les jeunes ne peuvent pas taguer ou grapher (ça s'efface), n'est une formidable avancée pour la propreté urbaine, que si les tagueurs ne s'en servent pas en premier (à moins que de réserver l'usage de ces nouveaux matériaux à certains, mais à qui et pourquoi ?). Au delà de cet exemple un peu trivial, les projets décomplexés, et de plus en plus décomplexés, relatifs à la surveillance (ou au contrôle) des personnes, ceux qui existent déjà, et ceux qui sont envisagés, génèrent évidemment des inquiétudes relatives au devenir des libertés publiques. S'il est séduisant de penser que l'intrusion de infiniment petit dans tous les recoins de la vie quotidienne peut nous aider à résoudre tous nos problèmes, il est aussi réaliste de craindre que le problème des uns soit parfois tout simplement posé par les autres, et vice versa. Et ceux qui ne jouent pas le jeu, ceux qui refusent, ceux qui ont des choses à cacher, ceux qui ne sont pas dans la norme, ceux qui ne font pas partie du plus grand nombre n'ont guère envie de se retrouver nano-technologiquement stigmatisés. Peut-être que le débat public avait justement vocation d'envisager la manière dont ces nouveaux usages devront être socialement et politiquement encadrés et régulés. Assurément, les supporters des nanotechnologies ne souhaitent pas plus que d'autres assister à des dérives totalitaires.

Les "ni gentils ni méchants", les gens, attendent et comptent les points. Ils constatent que les budgets consacrés aux nanotechnologies sont colossaux, mais qu'on les dit encore insuffisants. Ils constatent que ces budgets ne sont plus affectés à d'autres activités (ringardes, plus rentables ou laissées en friche). Ils constatent qu'au vu des enjeux stratégiques et économiques, ils ne comptent pas pour grand chose. Ils constatent que "les impératifs d'un système", quel qu'il soit, économique, industriel, ou autre, s'imposent à eux, sans qu'ils n'aient vraiment d'autres choix que d'accepter et de s'adapter. Finalement ils ne pensent pas grand chose des nanotechnologies : un bon plan pour trouver du boulot ? Pour dynamiser l'économie locale ? Pour la fierté d'être toujours meilleur que les Chinois ou que les terroristes ? Pour que des privilégiés deviennent immortels, sur-puissants, ou pour que des spécimens de l'espèce humaine puissent fuir sur Mars et échapper à une catastrophe climatique, nucléaire ou technologique ? De ce monde-là, ils en veulent bien, mais que si on ne peut vraiment pas faire autrement !

Une fable d'organisation : version PDF

Si vous avez aimé le feuilleton publié sur ce blog, "Une fable d'organisation", cette histoire où il n'y a qu'un seul personnage, le Captain Kirk, et où il ne se passe presque rien, vous pouvez télécharger une version PDF légèrement corrigée, sous le titre La fable des biens communs en cliquant sur ce lien :La fable...version pdf.

Cette version est imprimable et offre un plus grand confort de lecture : vous verrez qu'il se passe quand même des choses dans cette histoire, surtout à la fin.

Vous pouvez aussi découvrir une autre histoire courte dans le même genre : GRANDS TRAVAUX ET PETITS BOULOTS

mercredi 2 décembre 2009

Un questionnaire pour les précaires : premiers résultats

http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/un-questionnaire-pour-les-precaires.html

Premiers résultats

Rendez nous l'argent !

Quand on arrête de dire du mal, de la France, de l'économie, des patrons, eh bien, tout va mieux ! La bourse remonte, les bonus remontent. Mais d'où vient l'argent ?




http://www.marianne2.fr/La-crise-repart-a-la-hausse-a-France-Inter_a182908.html

http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/140-milliards.html

Travail en souffrance

France 3 a diffusé récemment un très bon documentaire sur la souffrance au travail : la mise à mort du travail, une série documentaire de Jean-Robert Viallet. Ce film donne quelques éléments chiffrés concernant ce phénomène. Ainsi les problèmes de santé liés au travail concerneraient en France un million de personnes, à l'échelle européenne, le coût estimé de ce qui relève des maladies professionnelles et des accidents du travail, représenterait 3 à 4% du PIB des pays Européens. Ce qui est énorme. D'après l'Institut de Veille Sanitaire, la souffrance ou la détresse psychique liée au travail toucherait 1/4 des hommes et 1/3 des femmes en France. On dénombre chaque année, 300 à 400 morts reliées à cette situation. Ce chiffre est peut-être en dessous de la réalité car le sujet est relativement tabou dans la société, il n'est pas reluisant de "souffrir à son travail", là où les autres supportent.

Malgré ces statistiques assez inquiétantes ce thème n'est que rarement abordé dans les médias. Ce sont les différents suicides des salariés de Renault et plus récemment de France Télécom qui l'ont amené au devant de la scène. On a alors mis en lumière des pratiques de management discutables et commencé à évoquer la responsabilité des employeurs dans ces drames. Devant l'éloquence des témoignages de salariés soumis à des pressions quotidiennes de plus en plus importantes, les responsables des entreprises ont été obligés de mieux prendre en compte le phénomène, en tout cas d'arrêter de le nier, en veillant plus particulièrement aux conditions de travail et au stress généré par ce dernier. Quelles que soient les mesures qui seront prises, les différents articles et documentaires qui traitent du sujet démontrent comment la rationalisation des tâches, l'individualisation du travail conduit à un système de fonctionnement de plus en plus lourd à supporter pour les salariés, tout autant psychologiquement que physiquement. Il faut savoir par exemple qu'une caissière en grande surface déplace environ une tonne de marchandise par heure.

Mais après cette mise en lumière brutale, le sujet a rapidement été occulté par d'autres actualités plus importante, pour mieux comprendre "dans quel France je vis ?", comme par exemple la main de Thierry Henry, et est passé au second plan. Il y a quelques jours le journal les échos est revenu sur ce thème par l'intermédiaire d'un sondage TNS-Sofres sur la relation employeur/employé. Cet article, relayé par France Inter évoque une crise de confiance profonde entre les deux parties, les chiffres sont édifiants puisqu'à peine 42% des salariés du privé auraient encore confiance dans leur patron, dans le secteur public c'est encore pire. Mais assez bizarrement, le commentaire de ce sondage, dans ce journal plutôt proche du patronat, est présenté comme une assez bonne nouvelle : je cite, "Alors que la question du stress occupe depuis quelques semaines le devant de la scène médiatique, l'enquête ne montre pas qu'il constitue une préoccupation majeure. Xavier Lacoste y voit le signe qu'« il serait imprudent de résumer le malaise actuel dans les entreprises à une simple question de stress et de risques psychosociaux ». Pour lui, « il tient au moins autant à des incompréhensions sur les orientations stratégiques ou encore les politiques de rémunération »." Xavier Lacoste est le directeur général d'Altedia, la société de conseil en ressources humaines pour laquelle a été réalisée cette enquête. Autrement si les salariés comprenaient le bien fondé de leur souffrance, pour l'amour des orientations stratégiques de leur patron, ils iraient forcément mieux ! Merci pour les conseils en ressources humaines.

Mais le pire dans cette histoire est qu'en se rendant sur le site de TNS-Sofrès, on peut lire le résultat du sondage, et constaté qu'aucune question ne traite de la souffrance au travail, mais bien seulement de la confiance entre employeurs et employés. On y apprend d'ailleurs que le sentiment de confiance envers les employeurs varie selon la sensibilité politique, ainsi les électeurs de l'UMP ont plus confiance dans leur patron que les autres, et sont plus satisfaits de leur rémunération.

Alors si vous gagnez seulement 900 Euros par mois, dans une boîte bidon et dans une ambiance pourrie, si vous voulez garder le sourire, et ne pas être victime de détresse liée à votre travail, commencez par comprendre votre patron qui ne peut pas faire autrement que de vous exploiter compte tenu de la conjoncture économique difficile et concurrentielle, et surtout votez UMP, vous verrez ça ira tout de suite mieux. Merci pour les conseils en ressources humaines.

samedi 28 novembre 2009

En vrac

Générosité bien ordonné commence par soi-même, pour ceux qui veulent participer au masturbate-thon cliquer ici. Pour plus d'informations notamment sur la générosité des candidates, cliquer ici

Sur la générosité des villes à laisser aux SDF le luxe de s'assoir : voir ici

Les industriels distribuent généreusement des matières radio-actives ; ici

Sur le scénario d'une banqueroute généreuse de l'état Américain, cet article

jeudi 26 novembre 2009

Patrick Balkany candidat au Goncourt 2010

On connait Patrick Balkany comme un ami proche du président de la république. Accessoirement, il est aussi député maire UMP de Levallois-Perret dans les Hauts de Seine, le département le plus riche de France. Après des démêles avec la justice, qui l'avait rendu inéligible quelques temps, les électeurs, qui apprécient certainement les qualités du personnage, l'ont reconduit dans ses différents mandats.

Jusque là, cet homme politique n'avait guère fait parler de lui dans les cercles littéraires. C'est aujourd'hui chose faite, il a dévoilé dans une interview télévisée exclusive, un récit exemplaire, plein de nuances et de finesses sur le thème de la France éternelle. Dans une période de difficultés économiques, sociales, culturelles et politiques, sans précédent, Patrick Balkany a su faire sonner justement les mots de notre belle langue française, pour rendre plus vraie que nature, Sa France généreuse, où la pauvreté est relative car chacun paie selon ces moyens, Sa France tolérante, qui n'interne pas les marginaux, libres qu'ils sont de choisir de vivre dans la rue si tel est leur projet, Sa France magnanime, qui prévoie malgré tout pour eux, des hébergements d'urgence en cas de coup dur, de grand froid, pour qu'ils puissent trouver refuge même contre leur gré, et ainsi poursuivre leur projet jusqu'à son terme.

Eric Raoult, qui récemment a fustigé l'ingratitude de la dernière lauréate du prix Goncourt, Marie N'Diaye, peut exulter. Enfin il tient cet auteur qui fait rayonner le génie français bien au delà de nos frontières. Il tient aussi la preuve du lien étroit qu'entretient l'économie avec l'image qu'on peut donner à l'étranger, puisque même le CAC 40 aurait donné des signes de frémissement : des milliardaires de toutes les nationalités se seraient déclarés prêts à mettre le prix fort pour acquérir ce petit coin de paradis, qu'est notre beau pays : la France.

Ce talent caché pour les contes et les arts du récit n'avait pas échappé à Gaël Tchakaloff qui avait dressé un portrait de Patrick Balkany dans le nouvel Economiste de décembre 2004. Dans cet article, le journaliste a vraiment su mettre en perspective le parcours romanesque de cet homme politique hors normes. Dans un passage intitulé, le petit chaperon bleu (en référence à la couleur de sa famille politique), on peut voir comment une suite d'événements prosaïques est incarnée avec bonheur dans la trame d'un conte populaire. Je cite :

"Politiquement dévoré par un loup déguisé en mère-grand. Personnellement perdu dans une forêt amoureuse. Voici comment il raconte ses déboires… Il a de sacrés dons de conteur, ce Patrick.(...). Poursuivi pour diffamation par le juge Halphen ; battu aux élections municipales par Olivier de Chazeaux ; condamné à quinze mois de prison avec sursis, 200 000 francs d’amende et deux ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts ; mis en examen pour détournement de fonds publics provenant des œuvres sociales de la ville… Voilà une traversée du désert comme on en fait plus. Sa conquête amoureuse de Sybille Jacquin de Margerie, livrée aux médias, n’a rien arrangé. Il s’en explique aujourd’hui : « J’ai eu une passion amoureuse, comme cela arrive à beaucoup d’hommes, je crois. Après une dispute très banale, Sybille est descendue dans la rue. Il se trouve que j’avais à l’époque un permis de détention d’armes, et cela s’est traduit par une dépêche indiquant que je l’avais menacée… »(!) Alors, il est parti pour Saint-Martin. Un exil de trois ans, durant lequel il monte une régie publicitaire, pour passer le temps. Rattrapé par sa réputation, le CSA le somme, en 1998, de cesser les émissions de la radio qu’il s’est appropriée…"

En comparaison, le dernier succès en librairie de Fréderic Mitterrand peut paraître un peu fade. Les histoires tortueuses, de boxeurs Thaïs de plus de quarante ans sont lourdes à digérer, trop ténébreuses, trop d'épaisseur. Par contre dans les années à venir, il faudra conter avec l'exotisme intérieur d'un Patrick Balkany, maître de la fiction sociale, un genre nouveau, qui mêle l'argumentaire de la vente à domicile à l'épopée d'une nation en quête d'une prophétie qui se réalise enfin.

lundi 23 novembre 2009

Une fable d'ORGANISATION #12

Revenir aux épisodes précédents :
Episode 1
Épisode 2
Épisode 3
Épisode 4
Épisode 5
Épisode 6
Épisode 7
Épisode 8
Épisode 9
Épisode 10
Épisode 11

Épisode 12 : Où on découvre l'immoralité de la fable.

Es-tu encore capable d'écouter les pensées d'un équipage ?

"J'ai bouché mes oreilles pour que mon bon capitaine puisse profiter du chant des sirenes.
J'ai fermé ma bouche pour ne pas gâcher sa toute puissance.
J'ai bouché mes narines pour l'accompagner jusqu'au bout du voyage.
J'ai fermé mes yeux pour ne pas succomber au mal de mer.
J'ai rendu mes tripes sens dessus dessous, mon estomac, mon coffre.
J'ai perdu l'envie de voir, d'écouter, de dire, de ressentir.
Ecoeuré, je n'ai pas voulu lire l'avenir dans cette mare de vomis."

Quand il y a du tangage dans l'ère, soit tu t'engages pour un peu plus d'air frais, soit tu dégages des vieux relents viciés.

FIN

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Une fable d'ORGANISATION #11

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Épisode 11 : Où on arrive enfin presqu'à destination.



Le bon Dieu d'ici bas avait été l'auteur, d'une alliance ancestrale avec un patriarche, désireux d'engendrer un peuple nombreux et prospère en enfantant, malgré son vieil âge, sa femme légitime, hélas stérile. Comme l'alliance réalisa ce désir et, comme on n'est jamais sûr à 100% de la filiation paternelle, toutes les lignées issues du vieil homme, par les demi-frères, les frères, puis par les frères de lait, les frères de sang, les amis, les amis des amis, les esclaves, les enfants du bon Dieu, et enfin par les fils spirituels, et ceux adoptés d'autres traditions, se débrouillèrent, par l'intermédiaire de diverses complications, à rejoindre la destinée de la grande famille. Tant et si bien, que génération après génération, tous les êtres du monde pouvaient revendiquer et réclamer l'héritage, l'incroyable croissance et prospérité, promise à l'unique aïeul.

Forcément l'indivision n'allait pas sans heurts. Les dites complications, les ruses des uns contre les autres, les manœuvres pas très catholiques pour entrer dans le giron, étaient incessamment commentées. Les théologiens, notaires de l'histoire, s'efforçaient de bannir les usurpateurs et de distribuer des ordres de priorité d'accès au lègue fabuleux. Les hérétiques avaient beau jeu de dénoncer la supercherie, la façon biaisée dont on avait interprété les origines, afin d'obtenir des privilèges indus et, à leur tour de s'enquérir de notaires pour entretenir la controverse. Qu'on ait tenté de résoudre ces problèmes insolubles par le dialogue, par la tolérance, par des procès, par la violence, par la guerre ou par tout autre action, toujours le sentiment d'avoir été floué réapparaissait. Et les choses allèrent ainsi. La distribution forcément inégalitaire du butin renforçait l'espoir et l'espérance d'un retournement de situation. Un jour viendra enfin, ce jour là révèlera l'essence même du droit et de la justice, les apparences seront balayées comme un vulgaire mensonge. On se sentait bafoué, mais on savait pourquoi et par qui, on pouvait œuvrer pour que l'ordre juste soit rétabli, ou accepter l'outrage par habitude.

Mais à force de démultiplication des ayant-droits, comme des notaires, à force de fortunes gaspillées ici, accumulées là, et cachées ailleurs, il pouvait arriver qu'au bout du compte, il ne reste plus grand chose à partager, et aussi plus beaucoup d'inspiration pour expliquer le pourquoi, et le comment. Ce cas de figure ultime avait bien sûr était prévu par les Conditions Générales de l'Alliance, mais avait été écrit en petit, de façon illisible et apocryphe. On avait anticipé qu'en embrassant le destin de l'humanité toute entière, le nombre ferait ployer la loi, et qu'un jour, toute logique d'attribution des parts deviendrait incohérente : trop d'oublis, trop de fables, trop de mauvaises habitudes, trop de nouveautés pour dessiner un cadastre un tant soit peu réaliste.

Les rédacteurs de l'alliance avaient donc imaginé les clauses d'un recommencement par tacite reconduction. Dans le cas où les notaires de tout bord pouvaient n'être plus à même de fixer quoi que ce soit, il devenait alors indispensable d'envisager de nouveaux termes selon lesquels les ayant-droits seraient reconduits ou pas. Ces derniers seront choisis parmi les seuls qui parviendront à décrypter les signes annonciateurs du renouveau, définis dans les annexes dudit contrat d'alliance, et seront propulsés dans un monde quasi céleste, beaucoup plus abouti que le précédent : était-ce le monde total des Captain Kirk ?

Ces temps derniers, les signes annonciateurs grouillaient presque comme de la vermine. Les océans se dilataient jusqu'à monter par dessus bord, et engloutissaient des navires. Le soleil happait de ses rayons les eaux douces et les forêts, les nuages crachaient des virus, les étoiles fonçaient sur la terre comme dans une improbable partie de pétanque. L'horizon lui-même s'était détraqué, devenu incertain, peu amène. Déboussolés, les hommes et les femmes des équipages semblaient devoir se battre contre une hydre redoutable : un monstre à plusieurs têtes qui repoussent en double quand on les coupe ; un monstre dont les haleines pestilentielles se répandent comme un mélange de pets foireux de vaches et de pots d'échappement ; un monstre qui a du venin dans le sang et qui empoisonne l'environnement de qui le fait couler. Les signes annonciateurs dénonçaient un monde de junkies, englué dans le marais des addictions, payant au prix fort leur dose d'illusions vitales, pour échapper à une réalité létale.


Les mailles des filets qui filtrent les océans retiennent aujourd'hui d'inquiétantes rumeurs. A trop jouer sur les dosages infinitésimaux entre l'intelligence et la bêtise, on raconte que certains des Captain Kirk ont déjà fait naufrage. On dit qu'ils ont disparu corps et âme, avec équipage et bagages. On entend aussi que d'autres capitaines ont été débarqués, ou jetés à la mer par des équipages inquiets et en colères. On a voulu expliquer que les choses allaient rentrer dans l'ordre, que les derniers évènements n'étaient dûs qu'à des propriétés jusque là peu connues de la bêtise. La bêtise qui, on vient de s'en rendre compte peu aussi précipiter, en profondeur, en surface et partout lorsqu'elle devient trop pure ! On allait sur le champ, remédier à ces fâcheux contretemps. Mais même à cette chimie, il semble qu'on ait fini de croire. On raconte aussi que des radeaux ivres dérivent à la surface des eaux, sans capitaine, sans port d'attache, sans destination, comme des embarcations orphelines. Une ile entière serait ainsi à la dérive en plein milieu de l'Atlantique, une banque de dettes à l'affut des dernières baleines.

Mais, le pire est à venir. On raconte que certains bâtiments débarrassés de leur encombrant capitaine, sont arrivés à bon port et ont gagné des victoires. On dit que dans certains cas, une forme d'intelligence collaborative peut jaillir du chaos de la bêtise, et même de celle qui atteint des profondeurs abyssales.

L'inquiétude est grandissante, mais la riposte est déjà engagée, car la crainte de voir cette dernière machination se généraliser a déclenché l'hostilité unanime des Captain Kirk. Unis par leur désarrois, ils rêvent encore d'allier de nouveau la bêtise et l'intelligence sur le même bateau. Aveuglés par leurs positions dominantes indestructibles, obnubilés par le devoir de servir de modèle et d'exemple aux masses qui s'agitent, convaincus de leurs justes droits d'héritage, ils ont choisi de breveter la propriété intellectuelle de la bêtise. Tout un programme à ne rater sous aucun prétexte !

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 12 : Où on découvre l'immoralité de la fable.


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mercredi 18 novembre 2009

News en vrac

1 Microsoft, qui est déjà propriétaire exclusif du double-click de la souris, vient de déposer un brevet aux USA pour une fonction que les logiciels libres et Apple utilisent depuis les années 80. J'hésite encore à déposer un brevet pour la fonction on/off, des fois que pour ne pas payer les royalties Windows démarre mais ne s'éteigne jamais.

2 Les USA sont un pays réputé pour le caractère sacré du droit de propriété. Pourtant une affaire récente d'expropriation a démontré qu'il était possible de remettre en cause ce grand principe. Il s'agit de l'histoire de petits propriétaires (affaire Kelo) expulsés de chez-eux parce qu'un juge a trouvé recevable le motif d'un promoteur qui affirmait pouvoir tirer plus de profit des lots incriminés. En gros, poussez-vous de là les familles pépères, j'arrive avec un gros projet qui va développer plein d'activités, et je suis prioritaire ! (en droit ça se dit je suis d'utilité publique). Dans ce cas précis ils ont viré tout le monde, mais n'ont rien fait à cause de la crise. Donc il faut se méfier des mégalomane qui pourrait trouver d'utilité de publique remplacer un quartier d'habitation par une zone commerciale.
En france, d'après cet article, ce genre de chose se passe aussi, mais en faisant beaucoup moins de bruit, notamment pour construire des ZAC.

3 Et si les Américains payaient aujourd'hui leur trop grand amour du capitalisme : c'est le sujet du dernier film de Michael Moore : Capitalism a love story.

Une fable d'ORGANISATION #10

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Épisode 10 : Où on découvre que Dieu est descendu d'un étage.

Qui a bourlingué sur toutes les mers du globe connait la force de la pensée contemplative. Les yeux grands ouverts sur l'étendu du monde sans limite découvrent sur le reflet d'un détail, la séance privée de tout un cinéma passionnant, et obsédant.

Le Captain Kirk aux commandes de sa nef vagabonde profitait de longues méditations, pour remplir son esprit d'images pieuses et bigotes. Depuis son saint siège, posé comme une cathédrale au carrefour de la rose des sens, il se livrait à l'étude cardinale de ses filiations, depuis la petite graine qui l'avait fait, lui, à celles innombrables qui, de lui avaient essaimé aux quatre coins du monde. Il aimait que le souffle de l'air marin s'engouffre dans ces oreilles, fasse vibrer le sommier de ses rêves ; il aimait durant ces fugues de la concentration, entendre un orgue interprété son organigramme personnel comme une partition, et se délecter de la mélodie de la béatitude.

Dans ces moments là, le Captain Kirk se souvenait d'une scène de naufrage. Un capitaine, l'air terrible, borgne avec une jambe de bois criait sur le pont en brandissant un sabre : "les femmes et les enfants d'abord !" Le marin était ensuite affalé dans une chaloupe où des hommes sales, épuisés - curieusement que des hommes - étaient entassés. L'officier parlait d'une voix rocailleuse, vulgaire, ordonnait, pestait, humiliait. Il rationnait l'eau, les vivres, jetait à la mer les malades comme les récalcitrants. La rumeur emplie des plaintes et des souffrances de l'équipage grondait, puis cessait d'un coup après un cri, après un éclat de ce capitaine. Le brouhaha laissait alors place à une mélopée qui accompagnait les efforts des hommes à leur poste de travail. "Le capitaine est le seul maître à bord après Dieu", était ahané en cadence par le chœur résigné de la chaloupe. La suite n'était qu'actes de bravoure pour parer aux pièges de l'océan, baroudes pour contrer les abordages de ceux qui tiennent un couteau entre les dents, résistances au désir pour ne pas succomber à la présence de riens ou, à l'absence de tout.

Le Captain Kirk aimait à se souvenir de ses images d'Épinal. Il mesurait ainsi le chemin parcouru. Il se rassérénait dans l'idée des progrès que son Humanité avait accomplis. La version moderne du Captain Kirk lui apparaissait tellement plus digne, plus mature, plus aboutie. Les débuts ressemblaient à des enfantillages, forts d'une énergie fascinante, éblouissants de beauté, mais si fragiles et si naïfs à comparer de la situation actuelle.

Le Captain Kirk se sentait aujourd'hui seul maitre à bord après personne, et surtout il pouvait l'afficher devant tout le monde. Il était passé devant Dieu, un dieu convalescent qu'on avait annoncé mort à plusieurs reprises, et qui cherchait à se refaire une santé auprès des hommes et des femmes d'équipage.

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 11 : Où on arrive enfin presqu'à destination.

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lundi 16 novembre 2009

Une fable d'ORGANISATION #9

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Épisode 9 : Où on découvre la grandeur de s'éclairer à la vessie et de se soulager à la lanterne.

Quand les défaillances apparentes d'un système permettent d'atteindre de meilleurs rendements, il n'y a plus jamais de quoi s'inquiéter. Autant ne plus toucher à rien : laisser le charme agir. On peut encore à la rigueur élaborer des théories pauvres, histoire d'avoir quelque chose à dire.

Le Captain Kirk aurait pu prétendre que son entreprise renouait avec des lois naturelles oubliées, et il ne s'était pas privé de le faire. Il parlait souvent d'une sorte de code génétique de la gagne, d'une forme de sélection qui renforce les plus forts et disqualifie les plus faibles. Plus les problèmes étaient importants et difficiles à surmonter, plus l'adaptation nécessaire était complexe et sélective ; et par conséquent, plus le commandant était confronté à des problèmes insolubles qui le dépassaient et qui se résolvaient d'eux-mêmes, plus il se sentait fort, élu, héritier du génotype de la gagne, promoteur d'un éco-système infaillible.

A la tête d'un éco-système auto-réglé pour aller dans le bon sens, le danger principal qui guettait le Captain Kirk était l'ennui : celui de couler des jours heureux, doucereux, et chacun sait que ce type de bonheur n'est pas franchement exaltant. Pour l'équilibre d'ensemble de l'embarcation, il était d'ailleurs souhaitable, que l'esprit de croisière ne soit pas confondu à celui de compétition. Là encore, il fallait savoir manœuvrer les esprits avec maestria et brio, et respecter les doses prescrites. L'enjeu consistait dans le mariage du divertissement, celui d'une croisière réussie, à l'héroïque épopée pleine de périls et de rebondissements, celle de la lutte pour la vie. Il était du meilleur gout de l'emporter comme dans un fauteuil, à la seule condition qu'une enquête fouillée pût révéler les aspérités du dit fauteuil, son histoire troublante, un mystère, un conte pour initiés ayant tout à dire sur la condition humaine. On ne sort jamais indemne de tels carambolages. Le Captain Kirk devenait beau comme une image et se sentait efficace comme jamais. Il se transformait en relique sacrée et s'éprouvait dans la banalité quotidienne comme le dernier des cons venus.

Le Captain Kirk s'amusait comme un petit fou dans ses salons flottants. Il faisait fi du danger, esquivait les coups du sort, rusait face à la fatalité. Il se laissait d'abord guider par son instinct, par des intuitions ultimes qu'on sort comme des bottes imparables, et qui procurent les plus belles victoires. Il était passé maître dans l'art de la confession, ce qui consistait dans la distillation de confidences alambiquées sur la manière dont les expériences étaient vécues, les réussites, les échecs, les joies, les peines, les petits et les grands secrets. Il en profitait pour mettre particulièrement en avant son sens des responsabilités, sa vocation, profondément ancrée au plus profond de lui-même, quasiment depuis le jour de sa naissance.

Il parlait parfois des efforts accomplis, mais préférait disserter sur le plaisir qu'il prenait pour mener sa barque, même dans les situations les plus périlleuses. Ce plaisir s'enracinait selon lui, dans une forme d'art, de talent rare, ni le fruit du hasard, ni quelque chose de vraiment appris, comme une sorte de don que la providence lui aurait confié : tout simplement, le sens du bon sens. Il savait donner le sens, et ne se trompait jamais, une qualité précieuse pour barrer dans la tourmente. Grâce à ce don, il osait s'aventurer et explorer des régions où le sens s'atténuait, aller se ressourcer dans les non-sens. Il disait disposer d'une acuité très spéciale pour percevoir dans la confusion des contraires, un potentiel d'innovation et de création.

Le Captain Kirk faisait partie de cette espèce d'hommes qui remontent les courants, reculent jusqu'aux origines pour nourrir d'un trait l'essor d'une marche forcée vers des avenirs radieux. Il savait faire volte-face sans jamais se retourner. D'avoir traqué en son temps la perfection matérielle, cette quête vaine lui avait permis d'accéder presque par inadvertance à sa propre plénitude. Sa réalisation personnelle n'était pas parfaite, mais complète et comblée. Il avait simplement substitué à l'ennuyeuse raison philosophique, l'émerveillement de la raison sociale. Il était devenu l'apôtre minimaliste du sentiment légitime d'avoir, tout simplement et dans le plus extrême dénuement, raison. La raison n'est ni pure, ni impure, elle ne tient qu'à l'évidence d'un don qui fait le sens. Une tautologie pour les incrédules, une raison totale, totalitaire, ou globalisée dans sa version light, matrice de l'orgueil absolu.

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 10 : Où on découvre que Dieu est descendu d'un étage.

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jeudi 12 novembre 2009

Une fable d'ORGANISATION #8

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Épisode 8 : Où on découvre que la prospérité ça roule tout seul

Cette situation extrême et exceptionnelle avait révélé malgré tout des dissensions au sein de l'équipage. En d'autres temps, la cohésion de l'ensemble aurait pu sembler menacée par ces désaccords. Mais là, les fêlures, ces germes de la contestation et de la revendication apparaissaient plutôt au Captain Kirk comme du pain béni. Sans même qu'il ait vraiment à intervenir, l'unité morcelée se recomposait comme par magie.

En examinant l'équipage avec plus d'attention, on se rendait compte qu'il se décomposait en divers groupes soutenant des opinions contradictoires : par exemple, ceux qui souhaitaient donner leur paie et ceux qui ne l'acceptaient pas. Mais ces groupes eux mêmes, étaient fragmentés à leur tour par une multitude d'opinions, quasiment particulières à chaque individu, et parfaitement inconciliables les unes avec les autres : à dire vrai, une sacrée foire d'empoigne. Un œil expert savait aussi repérer dans ce remue-ménage, des grandes orientations plus générales, qui opposaient les gens et, travaillaient l'ensemble plus en profondeur.

Pour faire apparaitre plus clairement ces lignes de fracture, il fallait agiter très fortement le tout, presque jusqu'à la rupture, et attendre quelques instants, que le voile des suggestions et des illusions individuelles se dissipe. Apparaissait alors très distinctement la confrontation froide de deux groupes, achoppant sur des problèmes relatifs à l'engagement dans l'entreprise. Là où les uns étaient positifs, volontaires et confiants, les autres nourrissaient des doutes, étaient obsédés par des pensées négatives qui les rendaient réticents à tout. Là où les uns vibraient d'émotion, pétillaient de naturel et de spontanéité, les autres restaient froids, moqueurs, calculateurs. A des élans généreux qui libérait à l'évidence toute l'énergie, toute la vitalité de chacun, répondait une attitude rabat-joie de frustrés psychorigides, ringards et nostalgiques du monde étriqué d'autrefois : petit bourgeois de province, petit train-train, petit confort.

On ne pouvait savoir comment l'intelligence s'était répartie entre les deux groupes, puisque cette dernière était dissoute et guère visible à l'œil nu. On ne pouvait que constater l'existence de traces en suspension et voir parfois des grumeaux coaguler en surface ou plus en profondeur. Le processus de dissolution saturait de temps à autres. Les dissensions de l'équipage se dessinaient précisément là, sur ce défaut du système : un défaut dans l'absolu qui s'avérait dans les faits plutôt un avantage qu'un inconvénient.

Par exemple, après le geste généreux qui avait vu une bonne partie de l'équipage offrir ses gages en échange de rien, le Captain Kirk avait souhaité récompenser cette initiative sans précédent dans l'histoire de la course au large. Il ne se sentait point redevable car l'offrande ne fut pas consommée, mais il tenait à gratifier l'idée d'être prêt au sacrifice : sceller cette alliance, promettre la prospérité et qu'on ait foi dans sa parole. Il voulait mettre le prix, disait-il, pour quelque chose qui n'avait pas de prix.

L'équipage réagit au delà des attentes du Captain Kirke. Plutôt que d'obtenir tout autre chose, il demanda lucide et prévoyant, un simple transfert, d'une partie des salaires du groupe des réticents, vers celui des consentants. On démontra qu'ainsi, le capital disponible pour faire face à une éventuelle, nouvelle tempête dévastatrice, se trouverait renforcé et consolidé : une opération blanche pour la collectivité, doublée d'une mesure utile pour faire face en cas de coup dur. Même la plus haute résolution de l'intelligence ne pouvait pas résister durablement à de tels symboles.

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 9 : Où on découvre la grandeur de s'éclairer à la vessie et de se soulager à la lanterne.


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Une fable d'ORGANISATION #7

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Épisode 7 : Où on découvre que le monde va mieux quand il est à l'endroit.

L'aventure se devait de continuer. Aucun accroc ne pouvait plus la stopper. Pourquoi se serait-on senti responsable, ou pire coupable, d'une bévue ou même d'une mésaventure lorsque seule la participation importait. A quoi bon se poser des questions dans la mesure où : "participe !" "Participe encore !", et, "la chance te sourira bientôt si tu participes !", étaient les seules devises qui valaient. Participer, même sans mise de départ, avec ou sans crédit, la participation devenait le seul gage de réussite, alors pourquoi gâcher une telle aubaine ?

Il a pu se pratiquer dans des temps anciens de vouloir laver son honneur dans le sang, dans son propre sang. Mais pourquoi faire peser sur soi, et soi seul, le poids d'une défaite, quand débordant d'amour, de gratitude et d'admiration, les hommes comme les femmes d'équipage sont prêts en toutes circonstances, à abandonner leur paie, leur salaire, leurs gages pour participer encore, participer encore une fois et toujours à la grande loterie ? C'est ainsi que les pires malheurs sont à tous les coups surmontés.

De récents soubresauts sur la piscine à vagues avaient été vécus comme un véritable séisme aux effets dévastateurs. Le fier bâtiment dirigé par le Captain Kirk s'était complètement affaissé de la proue, comme agenouillé au milieu du grand large. Il avalait des torrents d'écumes déchainées. Comme cassé en deux, avec la poupe relevée, il se faisait torcher par les puissants assauts de la tempête, matraquer par un déluge de grêlons gros comme le bras, et gonflés par le mépris. La sombre affaire, qu'on disait alors liée à une simple erreur d'appréciation, s'était soldée par un avertissement sans frais. Plus tard, couché sur le flanc, la lourde carcasse du vaisseau gisait, endolorie, recroquevillée sur une plage de sable, proche de nulle part. Le Captain Kirk vomissait sa réputation souillée par la brutalité du destin. Les grues rapaces s'agglutinaient et guettaient le dernier souffle de la dépouille, pendant que les requins chapardaient des morceaux de choix dans la masse à l'agonie mais toujours vive. La fin eut été inéluctable, si les femmes et les hommes de l'équipage dans un sursaut d'orgueil, n'avaient repris l'initiative à leur compte.

Ils s'étaient tous réunis, un peu disputés et finalement convaincus. Certains avaient voté pour, d'autres contre, mais une majorité avait décidé. Ils clamaient à l'unisson, à travers le grillage et le cordon de sécurité qui les séparait dorénavant de la détresse mondaine du Captain Kirk, leur volonté d'offrir leurs salaires, leurs économies, leurs biens, tous ce qu'ils possédaient pour pouvoir repartir, pour faire un autre tour. Nus s'il le fallait, le ventre vide, malades, rien ne revêtait plus d'importance pour eux que de sortir de cette torpeur morbide, leur guide suprême, leur chef, leur commandant.

Le Captain Kirk n'eut point à recourir à ces largesses émouvantes. De part sa position dans la société, il eut été déplacé de sa part de s'associer à ces manières quelques peu collectivistes. Mais dès lors et pour longtemps encore, le Captain Kirk se sentira porté par ces ondes positives, celles qui abattent les montagnes et soumettent les pires remous des océans. Il sut jouer de ses réserves oubliées, de ses relations re-mantelées, comme il sut profiter des paradis de complaisance pour relancer son épave sur les traces du succès. Il fut à même de réarmer son rafiot déglingué, avec tous les fards nécessaires pour satisfaire sa passion conquérante. On aimera longtemps communier ensemble à son bord, en se rappelant avec ferveur et émotion ces évènements fondateurs. On réclamera toujours que le Captain Kirk répète encore cette histoire, avec ses yeux plein de larmes ; c'est à tout jamais lui qui la racontait le mieux !

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 8 : Où on découvre que la prospérité ça roule tout seul.


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mardi 10 novembre 2009

Le droit de se taire

On peut lire dans un article tiré des inrocks dans rue 89, lire l'article

« Monsieur Eric Raoult attire l'attention de M. le ministre de la Culture et de la Communication sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt.

En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française.
A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. »

Quand t'es primé pour tes écrits, le droit de réserve s'impose, tu arrêtes d'écrire. Quant tu as le Nobel de Maths, tu arrêtes de calculer des fois qu'il te viendrait à l'esprit de vérifier les statistiques économiques. Avec le Nobel de physique, interdiction de parler centrale nucléaire, celui de chimie d'environnement, celui de médecine de grippe A, avec le Nobel de calendrier on ne parle plus de date. Et on fait ça pour que la France conserve dans le monde une image prestigieuse : le pays de la liberté pour dire exclusiment des grosses conneries ?

Non désolé, moi j'étais à la prise de la Bastille !

Un Zapping radio toujours sur le même thème : où était donc le président le 9 novembre 1989, à l'ouest, à l'est, sous, sur, derrière le mur ? Benoît Hamon dit qu'il n'était nul part, et s'il n'était nul par c'est qu'il pouvait être un peu partout (dispersé comme d'hab'). Le ministre des affaires étrangères ça ne l'intéresse pas de savoir qui a cassé le mur. Que ce soit Abel Ferrara, les palestiniens, le pape, Gorbatchev, lech Valessa, David Hasselhoff, ou le président, ils avaient tous de bonnes raisons pour le faire. Comme Benoît Hamon n'y était pas et que donc il ne peut pas savoir qui y était, il vaut mieux croire le président qui lui était bien là. (La dernière phrase c'est bien ce que Kouchner a dit ce matin mais ça n'a pas été repris dans zapping ! )
Ecouter le zapping

Pour finir un souvenir de circonstance : Pink Flowd, an other brick in the wall (Je ne me rappelle plus qui jouait le rôle de la chair à saucisses à la fin du clip!)


http://www.youtube.com/watch?v=M_bvT-DGcWw

lundi 9 novembre 2009

Moi aussi j'y étais !

Un lien vers un article d'Olivier Bonnet paru dans Agora Vox qui dissèque la belle histoire raconté par le président sur son blog à propos de sa présence (encore + rapide que celle de BHL) au moment historique de la chute du mur de Berlin. Bien écrit, bien raconté mais ce n'est que du flan d'après cet article. En même temps il n'y a pas de raison d'empêcher les mythos de s'exprimer sur internet !
Lire l'article

samedi 7 novembre 2009

Une fable d'ORGANISATION #6

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Épisode 6 : Où on découvre que la loi des grands nombres peut donner de sacrés coups de main.

En rognant sur l'intelligence, celle-ci révélait sa nature profondément inerte et glaciale, en comparaison du jaillissement de chaleur intérieure, qui envahissait tout le corps du Captain Kirk après chaque coup de scalpel. Une sorte de prescience animale semblait en mesure de submerger toute référence à la raison, à la logique, aux lois qui permettraient d'élaborer des objets de plus en plus sophistiqués et parfaits. Le Captain Kirk ne comprenait pas comment, il parvenait parfois à sortir de son corps pour observer son propre génie, niché dans chacun de ses organes, dans chacune de ses cellules, ce génie blotti dans cette chimie interne propre à lui-même, et que l'intelligence des autres avait cherché obstinément à occulter. La quête de la perfection matérielle, la philosophie de la proximité de Dieu ne furent en leur temps qu'une chimère, qu'une ruse de la providence pour damner les esprits entreprenants et les maintenir loin de l'essentiel.

Grâce à ce nouvel état d'esprit, le Captain Kirk allait renouer avec de belles victoires qui emplirent son coeur de joie et de bonheur. Car la donne avait changé. Et la multiplication des impétrants n'avait réduit d'aucune manière les chances de chacun. Bien au contraire, la loi des grands nombres autorisait des résultats aléatoires, des effets d'entrainement complexes où la victoire des uns induisait la victoire des autres, pourtant défaits. Des martingales statistiques gonflaient les voiles des coursiers si fortement que l'attitude dite du "gagnant gagnant" prenait le pas sur celle dite du "gagnant perdant". L'équilibre du jeu nécessitait certes d'être rétabli et régulièrement on assistait à des hécatombes. Mais au final, jamais de quoi interrompre la franche rigolade. Le taux d'abandon par dépit, et donc d'enfermement volontaire dans les couvents, restait extrêmement marginal. Le taux de suicide des Captain Kirk anéantis par le déshonneur, quasi nul. On a longtemps cru que le fameux jeudi noir, l'un des plus grands chambardements que le jeu ait connu à ce jour, avait occasionné des éliminations massives, que beaucoup des concurrents, pris d'une panique contagieuse s'étaient jetés par dessus bord. Mais les historiens d'aujourd'hui, ces spécialistes des décomptes macabres, savent trop bien que ces rumeurs étaient infondées, qu'on les avait inventées pour mettre encore plus de piment dans l'aventure.

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 7 : Où on découvre que le monde va mieux quand il est à l'endroit.

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jeudi 5 novembre 2009

Une fable d'ORGANISATION #5

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Épisode 5 : Où on s'aperçoit que l'homéopathie peut dissoudre l'intelligence dans la bêtise et vice versa.

Rogner sur l'intelligence, c'était un peu comme transmuter un lingot d'or en savonnette et l'oublier dans une barrique pleine d'eau chaude : un truc qu'on fait et qu'on sait qu'on va regretter après. Après qu'on se soit extasié devant la beauté des bulles de savon dorées, qu'on ait couru après chacune d'elles, cherché à les attraper délicatement, jusqu'à cette dernière, la plus belle, posée sur le bout d'un doigt, celle qui frissonne une dernière fois avant d'éclater à son tour. Que reste-t'il après ? Après, il reste encore l'envie de recommencer.

Concrètement les résultats de cette rognure en surprirent plus d'un : la situation ne s'améliorait pas, c'est vrai, mais ne se détériorait pas non plus. On préférait garder le secret sur cette corruption qui pouvait paraître si éhontée, mais les faits parlaient d'eux-mêmes : en diluant l'intelligence à la manière des préparations homéopathiques, les résultats ne changeaient guère. L'intelligence ne servait donc plus à rien, ou à plus grand chose, ou presqu'à plus rien. Mais la question du presque turlupinait les esprits. Personne ne savait vraiment ce que ce presque voulait dire. Et bien malin aurait été celui qui, emporté dans un excès de zèle, aurait fait basculer le judicieux équilibre, aurait pris le risque fou d'être entraîner par le fond, coulé par la bêtise et par un excès de témérité.

Le Captain Kirk, plus prudent, avait préféré y aller mollo, toujours en hésitant, et toujours parce qu'il ne pouvait plus s'y prendre autrement. A chaque fois qu'il supprimait un poste intelligent, il n'était en fait sûr de rien : "ça pourrait tout craquer d'un coup !", pensait-il. Il angoissait comme jamais, tout en voulant ne rien laisser paraître. Il montrait qu'il restait concentrer sur sa mission. Il appuyait sur des touches comme d'autres jouent au mikado. Il attendait fébrilement le résultat de chaque manoeuvre, à l'affut du moindre craquement, anticipant chacun des mouvements du bâtiment, même les plus furtifs. Occupé ainsi à écouter les chuchotements intimes de son destin, le Captain Kirk semblait aussi redécouvrir des plaisirs oubliés. Dans sa navigation, il se sentait de plus en plus chef et pleinement commandant. "Ça répond de plus en plus au doigt et à l'oeil dans le bastingage", se disait-il avec satisfaction. Il ne percevait plus, ou de moins en moins cette inertie, comme une réticence, parfois lorsqu'il ordonnait de virer, ou au contraire, cette étrange sensation de fluidité des gouvernails qui semblaient fonctionner comme par anticipation des décisions du patron. Il avait, dans le passé, eu parfois l'impression d'être lui-même piloté par son embarcation plutôt que le contraire. Il avait eu le désagréable sentiment d'avoir été mené en bateau par des subalternes. Le Captain Kirk retrouvait en rognant toujours plus dans son capital d'intelligence embarquée, les sensations des marins d'antan : le goût du jeu avec les éléments et avec les hommes, l'envie du défi, du dépassement de lui-même et du raisonnable.


A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 6 : Où on découvre que la loi des grands nombres peut donner de sacrés coups de main.

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Une fable d'ORGANISATION #4

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Episode 1
Épisode 2
Épisode 3

Épisode 4 : Où on s'aperçoit que les moulins à vent sont des adversaires redoutables.

Le monde entier semblait s'être donné rendez-vous dans le sillage de Captain Kirk. Ça déferlait de partout. Des challengers avec des noms imprononçables venaient narguer les champions. Des imposteurs, des bulles légères presqu'immatérielles osaient défier les poids lourds dans tous les secteurs. La vie à bord accompagnée par ce crachin d'envieux perpétuels devenait de plus en plus difficile. "Des pâles copies !" grommelait le Captain Kirk, "des imitations grossières, des petits, des moins que rien !" Mais le ballai tapageur et injurieux revenait à la charge chaque jour avec plus de vigueur. Le Captain Kirk ne s'entendait même plus lui-même, dans ce tohubohu moche et dégoutant. Ces scories allaient finir par briser tous ses élans, sa volonté et sa confiance.

Au début, on ne comprît pas vraiment pourquoi tous ces hideux avaient pris le pouvoir sur la course. Nul ne savait pourquoi ils gagnaient si fréquemment. Les pronostiqueurs les plus en vue avaient perdu toute clairvoyance, s'était trompés de bonne foi et retrouvés ruinés les uns après les autres. Les nouveaux adversaires n'obtenaient pas toutes les victoires loin s'en faut, mais gagnaient déjà suffisamment pour que les Captain Kirk et tous ceux de cet acabit, certes toujours puissants et impérieux, soient forcés de réduire sérieusement la voilure. Il devenait indispensable de limiter les frais, nécessaire de redescendre dare dare du sommet des cieux et d'abandonner le songe de la proximité de la perfection divine. Plus aucun doute n'était permis : il fallait rogner sur l'intelligence !

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 5 : Où on s'aperçoit que l'homéopathie peut dissoudre l'intelligence dans la bêtise et vice versa.

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Hommage à Claude Lévy Strauss

Les guignoles de l'info le 4/11/2009

Souffrance au travail

Après les excellents documentaires diffusés par France 3 sur la souffrance au travail, ARTE remet le couvert mardi 17 novembre à 20H35 en proposant une soirée Thema.http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Burnout/2892482,CmC=2918800.html

De quoi reprendre foi dans le chômage ?

mardi 3 novembre 2009

Fédérer les blogs

On peut commencer par reprendre l'intervention que Fréderic Lefebvre avait fait à l'assemblée nationale l'an dernier :

« L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes !
Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ?
Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ?
Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ?
Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ?
Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ?
Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde. [...]
La mafia s’est toujours développée là ou l’État était absent ; de même, les trafiquants d’armes, de médicaments ou d’objets volés et les proxénètes ont trouvé refuge sur Internet, et les psychopathes, les violeurs, les racistes et les voleurs y ont fait leur nid. »


On peut lire cet article qui lui a été consacré à ce moment là. Au passage on peut aussi apprécier sa photo.

Et on peut constater que cette position a été reprise par l'un des régimes les plus démocratiques de la planête, la démocratie dirigée de la Russie. En effet dans un article plus récent daté du mois de septembre, on peut lire que les mêmes arguments sont repris par le Kremlin pour justifier la nécessité d'une censure sur internet (lire l'article). Une censure qui n'est évidemment pas établie par l'état, donc pas politique, mais par "un corps indépendant" qui déciderait de ce qui est acceptable ou pas. Une sorte de conseil de l'ordre des journalistes comme l'ont encore proposé très récemment certains députés de la majorité afin de limiter les dérapages médiatiques (ceux des affaires Mitterrand, ou Jean Sarkosy). On pourrait sans crier gare glicer d'un régime hyper-présidentiel, à un régime ultra-présidentiel, passer de l'idée des pouvoirs concentrés pour gagner en efficacité, à celle des pouvoirs encore plus concentrés pour que cette efficacité ne soit plus contestée.

Le livre de demain ?

lundi 2 novembre 2009

Une fable d'ORGANISATION #3

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1- http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/une-fable-dorganisation-1.html

2- http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/une-fable-dorganisation-2.html


Episode 3 : Où on apprend que la téléportation n'affranchit ni de l'acier, ni du gaz oil, ni des radars.

Tous les captain Kirk du monde venaient
de comprendre qu'entre le capitaine et Dieu pouvait interférer une
troisième figure : l'intelligence. Une forme d'intelligence
nouvelle, matérielle, redoutablement efficace et toujours
perfectible semblait progresser de partout et se propager comme une
trainée de poudre, du nord au sud, de l'ouest vers l'est. Captain
Kirk se retrouvait aux commandes d'une sorte de bolide des mers. Un
bolide non seulement qui va vite mais aussi, et cela était
totalement fascinant, qui savait faire des détours pour parvenir
plus rapidement à destination. On avait remplacé les chaines et les
entraves qui contingentaient les hommes par toute une batterie
d'instruments de bord et de navigation. Captain Kirk apprenait, mais
ce nouveau type de savoir était tellement spécialisé, avait si peu
de limites, qu'il était vain d'espérer le maîtriser entièrement à
soi seul. Son équipage était devenu de plus en plus important, en
nombre et en qualité : Captain Kirk ne comptait plus les
météorologues, les géographes, les psychosociologues, les
diététiciens, les génies de la mécanique, les génies de
l'organisation, de l'acoustique, de la logistique, les génies de la
naval, et j'en passe, qui travaillaient pour lui. Ces hommes qui
étaient d'ailleurs de plus en plus des femmes étaient libres,
libres comme l'air. La plus part du temps d'ailleurs ils restaient à
terre pour limiter la charge et pour vaquer à leur nombreuses
occupations. A chaque homme ou femme, une fonction bien définie, à
chacun le souci de maîtriser le rôle qu'il a à jouer au sein de
l'ensemble, à chacun la pression de dépendre d'un autre et qu'un
autre dépende de lui. C'était à la fois beau et silencieux comme
une magie symphonique orchestrée par des musicien absents, comme un
hymne à la liberté chanté à gorge déployée par tous les organes
d'un même corps sans voix.


Armé de la sorte, lorsque la victoire
s'annonçait, elle retentissait comme le couronnement d'une séquence
logique. La défaite, ce qui arrivait encore, était une incitation à
mieux faire. La victoire avait alors pour vertu de payer les frais
des défaites. Elles servaient à produire les perfectionnements
nécessaires comme dans une partie de chasse à tous les défauts. Ce
luxe n'était pas donné à tout le monde. Les Captain Kirk de cet
acabit n'étaient pas si nombreux à se tirer la bourre sur toutes
les mers du globe. Ils étaient peu à disposer des moyens de
s'affronter à armes égales. A un tel niveau, il ne restait que la
crème de la crème, que la gelée royal du génie industrielle, que
des super mastodontes parmi d'autres géants, écrasés.


Captain Kirk pensait souvent que ces
domaines mystérieux si proches de la perfection, sur lesquels seule
une toute petite élite osait s'aventurer, était réservés qu'à
ceux qui avaient une âme pure, qu'à des anges, qu'à des
satellites de Dieu. Mais un jour, alors même que Captain Kirk se
livrait à ce type de méditation, il les avait vus tous débouler,
tout un paquet de nouveau concurrents, des adversaires émergents de
territoires reculés, comme des rabat-joies refoulés des enfers. La fête était
finie.

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

A venir l'épisode 4 : Où on s'aperçoit que les moulins à vent sont des adversaires redoutables.

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vendredi 30 octobre 2009

Une fable d'ORGANISATION #2

Suite d'un précédent billet :
http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/une-fable-dorganisation-1.html

Episode 2 :
Où on apprend que Captain Kirk est un sacré loup de mer.

Captain Kirk naviguait à vue voguant sur les flots en direction d'un autre bout de l'océan. Il souquait dur pour aller vite, pour être le plus rapide. Il voulait atteindre en tête son port de destination ; devant les autres, devant tous les autres qui entreprenaient la même traversée ; il était presque plus obsédé d'obtenir cette première place que d'arriver quelque part. Seul maître à bord après Dieu, il s'était adjoint une poignée d'officiers pour maintenir le cap lorsque parfois il se reposait, et surtout, pour mener les hommes d'équipages, nombreux, et qui servaient à faire avancer le bateau. On enchaînait les hommes à leur poste de travail pour qu'ils rament sans relâche et en cadence. Un open space sur trois étages de cale subtilement aménagé où se jouait, dans la quasi pénombre, une chorégraphie mécanique presque parfaite, réglée à coups de fouet, d'intransigeances et d'efforts. Au long cours l'équipage ne voyait ni le jour, ni la nuit, ni la mer, ni le soleil, ils ramaient. Régulièrement Captain Kirk remportait la régate et c'était pour lui un immense honneur. Mais parfois il ne gagnait pas, et voulait alors absolument comprendre les raisons de ces déconvenues. On pouvait alors débarquer des hommes qu'on trouvait usés, en recruter d'autres plus vigoureux, on jouait aussi sur la méthode de gestion du personnel, plus de fouet, moins de fouet, plus ou moins à boire, des rations plus ou moins importantes. Une fois ces petits réglages effectués, les vents devenaient plus favorables et Captain Kirk aimait à savourer à nouveau le sentiment pieux d'être le meilleur.

Mais il est arrivé à Captain Kirk, comme à d'autres de perdre tout le temps, à tous les coups, d'avoir perdu avant même de partir, de ne plus jamais gagner, distancé par la concurrence. Il ne restait plus alors qu'à implorer une intervention divine. Mais une telle incursion dans les affaires d'ici-bas restait rare et plutôt exceptionnelle, réservée aux âmes pures plus qu'aux âmes corrompues des hommes qui allaient sur la mer. Victime de la malédiction du ciel, et Dieu ne frappait jamais au hasard, le marin malheureux, le marin coupable ainsi débusqué n'avait plus qu'à s'amender jusqu'à la fin de ses jours, dans un couvent pour les cas les moins graves et, pour les péchés impardonnables à se donner la mort. Captain Kirk ne réagit pas ainsi, et à force de courage et d'abnégation il parvint à dépasser cet écueil surgi au travers de sa route. L'infortune l'avait durement frappé, mais finalement il avait réussi à se relever d'une débâcle sans précédent qui avait anéanti une bonne part de la flotte engagée dans la partie. Captain Kirk venait de vivre une véritable révolution, une transformation sans limite des principes de navigation, un saut brutal dans la modernité qui toutefois ne remettait nullement en cause les règles de la course hauturière.

A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.

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jeudi 29 octobre 2009

Vive les barons

J'ai appris sur la télévision d'état que lors des élections législatives en France, le résultat de 55% des circonscriptions est parfaitement prévisible, parfaitement stable d'une élection à l'autre, et parfaitement réparti entre la droite et la gauche. Le résultat au niveau national dépend des autres circonscriptions où la compétition est plus ouverte. Il pourrait s'agir de constantes statistiques qu'on découvre qu'après coup, ou d'effets d'aubaine, mais non. A chaque découpage électoral les partis dominants se réservent de manière relativement équitable des fiefs afin d'éviter les surprises, de permettre à leurs ténors d'être élu à coup sûr. On comprend mieux pourquoi les cartes électorales qui sont régulièrement vilipendées, sont au bout du compte adoptées et acceptées dans le silence de la tradition républicaine. Ce sont justement ces ténors qui négocient entre eux de l'équité du découpage. Au Royaume Unis les découpages sont faits par une commission indépendante de démographes, de géographes... Il n'y a surement pas de système idéal, et le système anglais doit lui aussi avoir ces petits inconvénients. En France on se satisfait du système parce qu'à l'évidence, il marche malgré toutes les approximations arithmétiques : il y a des alternances politiques, la majorité dans le camps du présidentiel... Que demander de plus ?

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Encore merci

Il faut remercier le contribuable Américain qui en renflouant les banques à coup de milliards leur permettent de financer en milliards des campagnes de lobbying vers les élus afin qu'ils ne votent pas les réformes du système destinés à mieux régulés l'économie. Un petit investissement de la part des banques qui en cas de nouvelle crise pourrait encore leur permettre de gagner le Jack-pot : un nouveau sauvetage des banques en urgence aux frais de la princesse. Ce serait dommage de s'en priver. Un petit investissement en rapport de ce que cela peut rapporter, mais aussi au vu de ce qu'investissent les industries de la santé dans la valeur sénateur et représentant. Au rythme où vont les choses, les élus pourrons verser un petit pécule aux électeurs avant qu'ils aillent voter, ou pour aller encore plus vite, et se passer d'intermédiaires loyaux mais encombrants, les banques pourraient payer leurs clients pour qu'ils investissent dans des fonds pourris. Du gagnant gagnant quoi !

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