samedi 19 décembre 2009

Un roman photo : La cinquième roue

Comme lundi c'est "Global orgasm", ça nous laisse encore un peu de temps pour les préliminaires. Un roman photo c'est facile et ça met de bonne humeur. C'est forcément une histoire à l'eau de rose avec un peu de texte et beaucoup de photos. Ça peut se déguster comme des papillotes : il y a du fondant, du craquant et du "on ne sait pas trop", aussi du noir, du blanc, du gris et, pour emballer le tout, du jaune et du rouge. Sans blague !

Les photographies ont été réalisées en 1994, ont vinifié longtemps au fond d'un ordinateur, en fait, ont été transvasées d'un format à un autre, puis à un autre, d'un fût de chêne Macintosh, foudroyé par un orage, à une cuve de secours Windows intransportable, ça a été touillé par du Linux, puis exfiltré par du Mac, une première fois, une deuxième fois, avant d'obtenir le distillat JPEG aux arômes compatibles avec l'open access PDF. Voilà pour la recette, pour la dégustation :
y'a de la poire, ça y'en a, de la pomme, un peu, de la betterave, plein, le fantasme de Lulu la Nantaise, sûrement, un album photos souvenir, absolument.

cliquez sur l'emballage...






Creative Commons License Biens communs by Thierry Nahon est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité 2.0 France.

mardi 15 décembre 2009

En vrac

Racaille ou canaille (Benoît Hamon) le chômage a dû mal compter ses ouailles : oups-l-insee-vient-de-decouvrir-80-66571

La suisse plus sensible à la souffrance animale qu'aux charmes orientaux des minarets : des avocats pour animaux...

Les entreprises du CAC 40 paient seulement 2.3 fois moins d'impôts que les PME : elles doivent pouvoir faire encore mieux. De toutes les façons elle ne créent déjà plus d'emplois en France et font leurs profits à l'étranger. C'est toujours ça de pris pour pouvoir les renflouer en cas de pépin !

Des drapeaux étrangers pour les mariages, des jeunes qui parlent verlan, des casquettes de travers, l'accent pas comme chez nous. Décidément ils ne sont vraiment pas comme nous ! Et ça défoule !
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/12/15/morano-demande-aux-jeunes-musulmans-francais-de-ne-plus-parler-verlan_1280656_823448.html#xtor=RSS-3208

http://www.rue89.com/2009/12/10/interdire-les-drapeaux-etrangers-lump-singe-le-fn-129414

Nocivité des chiffres, nocivité des minarets et de la tolérance, vous reprendrez bien un peu de maïs OGM pour reprendre des forces : sans façon, il paraitrait que ça rendrait menteur et raciste, même les animaux n'en veulent plus, d'ailleurs ils ont engagé des avocats pour changer de régime.  http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/12/11/une-etude-prouve-la-nocivite-pour-l-organisme-de-trois-mais-monsanto_1279552_3244.html#xtor=RSS-3208

Une prime à la logique du bouc émissaire : à faire porter par une partie de la population, une communauté ou une catégorie de gens, la responsabilité des problèmes d'une nation ; on met des visages sur les problèmes, on fait focaliser tout le mécontentement de l'opinion sur ces personnes, on les stigmatise, mais on peut aussi aller beaucoup plus loin... Des solutions intermédiaires ou finales... Les poissons rouges ne s'en souviennent plus. Il y a d'autres avocats pour plaider la cause des poissons rouges. Non ? Le bon et le mauvais racisme

Grand emprunt

L'état va emprunter 10 milliards d'euros pour financer 10 projets d'avenir liés au développement de la recherche, de l'innovation et des universités. Le mécanisme est le suivant pour chaque projet : l'état emprunte sur le marché 1 milliard, qu'il reverse à un organisme universitaire. Celui-ci en dispose comme d'un capital donc il l'investit sur le marché, en rachetant l'emprunt d'état. Résultat : l'organisme universitaire récupère les intérêts de l'emprunt, environ 4%, soit 40 millions d'euros par ans. Mais comme ces intérêts, c'est l'état qui les doit, ce sont donc les contribuables, tous les contribuables qui financent en fait ces projets.

Qu'est-ce que cet argent finance ? On parle de grands pôles de compétence autonomes associant les universités, les grandes écoles, les établissements de la recherche, et les entreprises, autour des défis industriels générés par le développement prochain de "l'économie de la connaissance". Il est très probables qu'à travers les grandes écoles, les grands corps d'état (comme par exemple le corps des mines) associés aux groupes industriels nationaux prennent une part importante dans le pilotage de ces projets. Autrement dit cet emprunt va participer fortement au financement du secteur nucléaire, ou de celui des nanotechnologies. A priori, ce n'est pas un mal en soi, mais...

Il y a simplement et depuis longtemps des interrogations récurrentes sur les coûts et l'adéquation des politiques industrielles menées souvent d'une façon opaque par ces corps d'élite, et aussi une vrai difficulté à instaurer un débat démocratique comme une certaine transparence dans cette matière. Finalement cet impôt qui ne dit pas son nom, remporte à bon compte une adhésion forcée et massive de tous les citoyens, là où un débat démocratique sur la nature de la société, et de l'avenir qu'on souhaite construire ensemble serait source de clivages insurmontables.

La philosophie de cet emprunt montre que les enjeux actuels et futurs sont toujours implicitement liés à la capacité des états et des entreprises, à centraliser et à concentrer les pouvoirs, pour faire au mieux dans la compétition mondiale. L'argent va donc à l'excellence, sans que celle-ci ne soit bien définie (excellence des polytechniciens traders pour la multiplication des profits financiers ? Excellence du projet SuperPhénix ? Excellence dans la manipulation de ce que l'on fait des déchets nucléaires ?) et provient d'une certaine façon, de la médiocrité (la masse) la valeur dominante, et sûrement partagée par le plus grand nombre. Ce projet ne précise toujours pas ce que les états vont faire des professeurs ratés ou des chercheurs ratés, et de tous les ratés, exclus de fait du système depuis fort longtemps, et qui très certainement, s'il ne se trouvent pas dans le bon wagon, le seront de plus en plus. Tous ceux-là n'existent pas !

Ainsi donc, nous nous apprêtons à re-financer une concentration des pouvoirs financiers, économiques et politiques, cette même concentration qui est fortement remise en cause par une part importante de la société : remise en cause de ces fondements quant à la bonne marche du monde, remise en cause dans le creusement des inégalités, remise en cause quant à ces fondements démocratiques (on aurait pas d'autres choix), remise en cause de la capacité du système à intégrer des valeurs humaines, remise en cause de l'opacité qui autorise ceux qui savent à manipuler les autres.

A l'opposé d'autres solutions sont prônées, peut-être d'une façon utopique mais cela reste à discuter, et proposent d'envisager la créativité, l'innovation, le futur en impliquant beaucoup plus "les gens" médiocres ou pas dans cette construction. Plutôt que de déléguer à des "spécialistes" ce que devront être les moyens nécessaires pour demain, il s'agit de faire déjà avec ce que l'on a, avec qui l'on a, et d'encourager les gens à développer et à partager des solutions collectives aux problèmes qui se posent. Par exemple en développant des réseaux de production décentralisé d'énergie propre, ou en développant des logiciels libres, en émettant de nouvelles monnaies plus adaptés au type d'échanges qu'ils ont entre eux, en usant d'une manière autonomes les biens communs, sans référer à des logiques d'état ou de multinationales. Ces solutions ne sont, ni moins scientifiques, ni moins technologiques que les autres, elles sont simplement moins centralisatrices et préfèrent voir dans la fragmentation des expériences plus de richesse que dans le formatage concentrationnaire. L'inconvénient de cette vision du monde est essentiellement politique, puisqu'elle remet en cause la façon dont se fait la gestion des ressources humaines, au niveau national et bien au delà, et donc la façon dont s'est instituée la domination, des uns sur les autres à l'intérieur d'une société, de certaines firmes sur d'autres, de certains pays sur d'autres, au niveau mondial.

Ainsi ceux qui attendent de ces investissements les prémisses d'une révolution verte risquent de déchanter tant les impératifs économiques pourraient prendre le pas sur l'efficacité modèles innovants, ceux qui militent contre les concentrations économico-politico-industrielles devront passer à la caisse et participer au développement de ce qu'ils rejettent. Les investis, ceux qui prennent la lourde responsabilité de définir notre devenir et notre avenir, devront très sérieusement réfléchir aux manières de distribuer leurs profits (s'ils en font) afin d'intégrer les gens, même les ratés dans leur projet (vaste problème). Nul ne consentira à des sacrifice pour construire un monde d'où il est exclu, à moins que les progrès de la technologie dans laquelle on investit ne permette à terme un contrôle totalitaire des dominants sur les dominés.

mardi 8 décembre 2009

La compensation créative

Dans cet article publié sur son blog (lire l'article), Philippe Aigrin fournit quelques détails sur les intentions de la SACEM pour compenser le manque à gagner, lié selon elle au piratage des œuvres musicales sur internet. La SACEM propose donc tout simplement d'instaurer une taxe supplémentaire, dite indolore, d'à peu près 1 euro (3%) sur chaque abonnement au fournisseur d'accès internet. Bien sûr, il n'est pas question que cette taxe permette un droit au téléchargement. Autrement dit les internautes pourraient avoir à payer 12 euros par ans parce qu'ils sont tous soupçonnés d'être des voleurs de chansons (au prix de la chanson ça fait 12 titres, les sourds et les malentendants sont ravis !). Qui vole un oeuf vole un boeuf, il n'y a pas de limite à ce genre de raisonnement indolore. Doit-on se sentir solidaires des pirates qui ont volé sans vergogne sur le net le dernier tube de Didier Barbelivien. Franchement qui a bien pu faire ça ? Barbelivien lui-même ?

Le principe de la compensation est en même temps génial, car les présumés voleurs que sont les internautes, pourraient réclamer des compensations ré-créatives aux auteurs compositeurs domiciliés hors de France pour des raisons fiscales. Les régies publicitaires pourraient demander des compensations aux fabricants de zappeuses qui permettent d'éviter les pubs qui financent le programme qu'on regarde et que du coup on vole... Un jour la SACEM réclamera une compensation pour les artistes qui ne vendent plus, à ceux qui diffusent leurs oeuvres gratuitement : une façon détournée de faire taire ceux qui ont quelque chose à dire ?

Identité nationale

Qu'est-ce qui réunit assurément tous les Français : une carte d'identité et une nationalité. L'état doit faire avec. Il n'y a là, ni histoire, ni religion, ni culture, ni filiation, ni héritage, juste être ou ne pas être. A moins que le débat ne porte sur la pertinence philosophique et juridique de la notion de peuple souverain ? L'Etat peut-il réformer le peuple ?

Alors débattre sur les valeurs nationales, léguées par l'histoire, inscrites dans les territoires, relayées par des grandes personnalités, par l'état, par la religion ou par la culture au quotidien, voir comment chacun se positionne par rapport à ces valeurs, comment ces positionnements construisent des identités diverses et variées, qui dialoguent, s'ignorent, ou se combattent. Pourquoi pas. Débattre sur l'identité nationale, c'est implicitement nié le lien politique, la citoyenneté, qui relie à une nation des gens qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. L'identité nationale n'est pas une valeur mais un état de fait.

Les citoyens ne sont pas des ressources humaines comme les autres, qu'on peut chercher à recruter selon leur profil et, selon leur appétence pour une culture d'entreprise ou de la nation. Ils sont tout simplement la nation avec ce qu'il y a de pire et de meilleur.

Médiapart fait circuler une pétition de protestation contre la tenue d'un débat de ce type :
Pour lire l'appel : http://www.mediapart.fr/node/69735

Un certains nombres d'universitaires et de personnalités font circuler une autre pétition réclamant la suppression du ministère de l'identité nationale : on peut trouver ça là:
http://appel.epetitions.net/

dimanche 6 décembre 2009

Carignon dans la police ?

Que fait Alain Carignon ? On peut lire cet article paru dans Lyon Capitale

Mais que fait Carignon ?
Il n'est pas en zonzon ?
Quatre ans fermes sans sursis, par vraiment un bandit ?

Une brave victime innocente reprise par la justice !
Pas le genre d'un repenti,
Trop d'amis, de complices, l'attendent à la sortie.

Avec un tel casier dépucelé en beauté
Bienvenu dans la police, il n'y aura pas de récidive
On fera une grande lessive,
Et pour les honneurs dégueulassés :
Les magistrats, les juges, on va tous les niquer !

Mais méfies-toi la police
Des balances qui poucavent gratuit
Si c'est, trop que du mytho
Ça risque de créer encore de gros ennuis.

jeudi 3 décembre 2009

Nano débat à Alpexpo

Mardi soir 1er décembre, devait se tenir à Alpexpo (Grenoble), un débat sur les nanotechnologies, dans le cadre du Grand Débat National qui se déroule actuellement. Mais, si on a bien eu le temps de brancher les micros, les nanos ont été très rapidement déboutées, le débat annulé, nanifié par la maxi contestation d'un groupe d'opposants. A croire certains commentaires de cet événement, les méchants qui auraient organisé ce coup de force, seraient de la mouvance anarcho-écolo, voire, ultra gauche de Carnac : les adeptes d'un nouveau fascisme obscurantiste. Une minorité d'activistes qui auraient pour unique horizon un retour au moyen âge. D'après Pièces et Main d'Oeuvre qui est une composante de cette méchanceté, le rejet du débat national et de toute discussion sur le sujet, est parfaitement assumé. Ils estiment que les questions ne doivent pas porter seulement sur les risques (à prendre ou à ne pas prendre) liés à ces nouvelles technologies, mais surtout sur la viabilité du monde, de l'avenir, qu'elles vont contribuer à fabriquer. Ils sont très clairs, de ce monde-là, ils n'en veulent pas et ce, quelles que soient les précautions prises dans le cadre de l'exploitation des nanotechnologies.

Les gentils, les organisateurs du débat, les supporters des sciences et techniques, mettent plutôt en avant, les enjeux économiques, la croissance et les emplois induits par ce type de développement, comme le potentiel d'innovation, par exemple pour la médecine. Mais dans le même temps, cette communication positive a du mal à canaliser, voire à ne pas revendiquer aussi, d'autres projets d'applications des nanotechnologies qui ne soulèvent pas forcément l'enthousiasme général. Par exemple, la mise au point d'une peinture sur laquelle les jeunes ne peuvent pas taguer ou grapher (ça s'efface), n'est une formidable avancée pour la propreté urbaine, que si les tagueurs ne s'en servent pas en premier (à moins que de réserver l'usage de ces nouveaux matériaux à certains, mais à qui et pourquoi ?). Au delà de cet exemple un peu trivial, les projets décomplexés, et de plus en plus décomplexés, relatifs à la surveillance (ou au contrôle) des personnes, ceux qui existent déjà, et ceux qui sont envisagés, génèrent évidemment des inquiétudes relatives au devenir des libertés publiques. S'il est séduisant de penser que l'intrusion de infiniment petit dans tous les recoins de la vie quotidienne peut nous aider à résoudre tous nos problèmes, il est aussi réaliste de craindre que le problème des uns soit parfois tout simplement posé par les autres, et vice versa. Et ceux qui ne jouent pas le jeu, ceux qui refusent, ceux qui ont des choses à cacher, ceux qui ne sont pas dans la norme, ceux qui ne font pas partie du plus grand nombre n'ont guère envie de se retrouver nano-technologiquement stigmatisés. Peut-être que le débat public avait justement vocation d'envisager la manière dont ces nouveaux usages devront être socialement et politiquement encadrés et régulés. Assurément, les supporters des nanotechnologies ne souhaitent pas plus que d'autres assister à des dérives totalitaires.

Les "ni gentils ni méchants", les gens, attendent et comptent les points. Ils constatent que les budgets consacrés aux nanotechnologies sont colossaux, mais qu'on les dit encore insuffisants. Ils constatent que ces budgets ne sont plus affectés à d'autres activités (ringardes, plus rentables ou laissées en friche). Ils constatent qu'au vu des enjeux stratégiques et économiques, ils ne comptent pas pour grand chose. Ils constatent que "les impératifs d'un système", quel qu'il soit, économique, industriel, ou autre, s'imposent à eux, sans qu'ils n'aient vraiment d'autres choix que d'accepter et de s'adapter. Finalement ils ne pensent pas grand chose des nanotechnologies : un bon plan pour trouver du boulot ? Pour dynamiser l'économie locale ? Pour la fierté d'être toujours meilleur que les Chinois ou que les terroristes ? Pour que des privilégiés deviennent immortels, sur-puissants, ou pour que des spécimens de l'espèce humaine puissent fuir sur Mars et échapper à une catastrophe climatique, nucléaire ou technologique ? De ce monde-là, ils en veulent bien, mais que si on ne peut vraiment pas faire autrement !

Une fable d'organisation : version PDF

Si vous avez aimé le feuilleton publié sur ce blog, "Une fable d'organisation", cette histoire où il n'y a qu'un seul personnage, le Captain Kirk, et où il ne se passe presque rien, vous pouvez télécharger une version PDF légèrement corrigée, sous le titre La fable des biens communs en cliquant sur ce lien :La fable...version pdf.

Cette version est imprimable et offre un plus grand confort de lecture : vous verrez qu'il se passe quand même des choses dans cette histoire, surtout à la fin.

Vous pouvez aussi découvrir une autre histoire courte dans le même genre : GRANDS TRAVAUX ET PETITS BOULOTS

mercredi 2 décembre 2009

Un questionnaire pour les précaires : premiers résultats

http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/un-questionnaire-pour-les-precaires.html

Premiers résultats

Rendez nous l'argent !

Quand on arrête de dire du mal, de la France, de l'économie, des patrons, eh bien, tout va mieux ! La bourse remonte, les bonus remontent. Mais d'où vient l'argent ?




http://www.marianne2.fr/La-crise-repart-a-la-hausse-a-France-Inter_a182908.html

http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/140-milliards.html

Travail en souffrance

France 3 a diffusé récemment un très bon documentaire sur la souffrance au travail : la mise à mort du travail, une série documentaire de Jean-Robert Viallet. Ce film donne quelques éléments chiffrés concernant ce phénomène. Ainsi les problèmes de santé liés au travail concerneraient en France un million de personnes, à l'échelle européenne, le coût estimé de ce qui relève des maladies professionnelles et des accidents du travail, représenterait 3 à 4% du PIB des pays Européens. Ce qui est énorme. D'après l'Institut de Veille Sanitaire, la souffrance ou la détresse psychique liée au travail toucherait 1/4 des hommes et 1/3 des femmes en France. On dénombre chaque année, 300 à 400 morts reliées à cette situation. Ce chiffre est peut-être en dessous de la réalité car le sujet est relativement tabou dans la société, il n'est pas reluisant de "souffrir à son travail", là où les autres supportent.

Malgré ces statistiques assez inquiétantes ce thème n'est que rarement abordé dans les médias. Ce sont les différents suicides des salariés de Renault et plus récemment de France Télécom qui l'ont amené au devant de la scène. On a alors mis en lumière des pratiques de management discutables et commencé à évoquer la responsabilité des employeurs dans ces drames. Devant l'éloquence des témoignages de salariés soumis à des pressions quotidiennes de plus en plus importantes, les responsables des entreprises ont été obligés de mieux prendre en compte le phénomène, en tout cas d'arrêter de le nier, en veillant plus particulièrement aux conditions de travail et au stress généré par ce dernier. Quelles que soient les mesures qui seront prises, les différents articles et documentaires qui traitent du sujet démontrent comment la rationalisation des tâches, l'individualisation du travail conduit à un système de fonctionnement de plus en plus lourd à supporter pour les salariés, tout autant psychologiquement que physiquement. Il faut savoir par exemple qu'une caissière en grande surface déplace environ une tonne de marchandise par heure.

Mais après cette mise en lumière brutale, le sujet a rapidement été occulté par d'autres actualités plus importante, pour mieux comprendre "dans quel France je vis ?", comme par exemple la main de Thierry Henry, et est passé au second plan. Il y a quelques jours le journal les échos est revenu sur ce thème par l'intermédiaire d'un sondage TNS-Sofres sur la relation employeur/employé. Cet article, relayé par France Inter évoque une crise de confiance profonde entre les deux parties, les chiffres sont édifiants puisqu'à peine 42% des salariés du privé auraient encore confiance dans leur patron, dans le secteur public c'est encore pire. Mais assez bizarrement, le commentaire de ce sondage, dans ce journal plutôt proche du patronat, est présenté comme une assez bonne nouvelle : je cite, "Alors que la question du stress occupe depuis quelques semaines le devant de la scène médiatique, l'enquête ne montre pas qu'il constitue une préoccupation majeure. Xavier Lacoste y voit le signe qu'« il serait imprudent de résumer le malaise actuel dans les entreprises à une simple question de stress et de risques psychosociaux ». Pour lui, « il tient au moins autant à des incompréhensions sur les orientations stratégiques ou encore les politiques de rémunération »." Xavier Lacoste est le directeur général d'Altedia, la société de conseil en ressources humaines pour laquelle a été réalisée cette enquête. Autrement si les salariés comprenaient le bien fondé de leur souffrance, pour l'amour des orientations stratégiques de leur patron, ils iraient forcément mieux ! Merci pour les conseils en ressources humaines.

Mais le pire dans cette histoire est qu'en se rendant sur le site de TNS-Sofrès, on peut lire le résultat du sondage, et constaté qu'aucune question ne traite de la souffrance au travail, mais bien seulement de la confiance entre employeurs et employés. On y apprend d'ailleurs que le sentiment de confiance envers les employeurs varie selon la sensibilité politique, ainsi les électeurs de l'UMP ont plus confiance dans leur patron que les autres, et sont plus satisfaits de leur rémunération.

Alors si vous gagnez seulement 900 Euros par mois, dans une boîte bidon et dans une ambiance pourrie, si vous voulez garder le sourire, et ne pas être victime de détresse liée à votre travail, commencez par comprendre votre patron qui ne peut pas faire autrement que de vous exploiter compte tenu de la conjoncture économique difficile et concurrentielle, et surtout votez UMP, vous verrez ça ira tout de suite mieux. Merci pour les conseils en ressources humaines.