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©Territoires visuels |
Dracus Psychoticus (Pô du Drac) –
Photo d'un détail.
Animal de la famille des potophores ou
aquaphores. Son corps est entièrement recouvert d'une peau à écumer
faites d'écailles extrêmement abrasives. Il est doté d'un
squelette, le plus souvent concentré dans la partie caudale
entièrement constitué d'eaux solidifiées et qui peut atteindre des
proportions massives. La partie antérieure s'appuie sur un cartilage
liquide, qui se renouvelle sans cesse et se déroule à la manière
d'un film. Cette propriété cinétique assure à la fois une
robustesse suffisante, ainsi qu'une très grande souplesse de forme
et de déplacement. La bouche de l'animal est remarquable, souvent de
forme large et très évasée, elle n'a aucune fonction alimentaire,
mais embrasse seulement une vocation généreuse. Riche d'une chimie
sédimentaire luxuriante, elle semble raconter à qui veut l'entendre
l'épopée de civilisations florissantes. Cet animal d'apparence
paisible qui vit au fond des vallées n'est pas pour autant
inoffensif. Il se nourrit exclusivement de cailloux et de rocher
qu'il trouve à profusion dans son lit. Les écailles disposées sur
l'ensemble de son corps lui permettent d'araser sa couche tout en
paressant et en miroitant au soleil. Mais les Dracus Psychotus comme
tous les membres de cette espèce ont gardé au fond d'eux-mêmes le
souvenir douloureux de la disparition de la première évolution.
Ainsi leur sommeil s'agite, et les soubresauts de leur inconscient
font disjoncter leurs humeurs lascives. L'instinct destructeur de
leur cauchemar récurrents retournent et broient des montagnes. Les
histoires d'angoisse de manquer alors qu'on est dans l’opulence,
les terreurs provoquées par le risque de l'entrave alors que les
flots s'écoulent du haut vers le bas depuis la nuit des temps,
l'impossible expression du syndrome bien réel de la non-verticalité,
interdisant de remonter le cours du temps ou de montrer d'un doigt
les failles du temps qui lasse, marquent l'empreinte furieuse de cet
animal fascinant.
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