1- http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/une-fable-dorganisation-1.html
2- http://biens-communs.blogspot.com/2009/10/une-fable-dorganisation-2.html
Episode 3 : Où on apprend que la téléportation n'affranchit ni de l'acier, ni du gaz oil, ni des radars.
Tous les captain Kirk du monde venaient
de comprendre qu'entre le capitaine et Dieu pouvait interférer une
troisième figure : l'intelligence. Une forme d'intelligence
nouvelle, matérielle, redoutablement efficace et toujours
perfectible semblait progresser de partout et se propager comme une
trainée de poudre, du nord au sud, de l'ouest vers l'est. Captain
Kirk se retrouvait aux commandes d'une sorte de bolide des mers. Un
bolide non seulement qui va vite mais aussi, et cela était
totalement fascinant, qui savait faire des détours pour parvenir
plus rapidement à destination. On avait remplacé les chaines et les
entraves qui contingentaient les hommes par toute une batterie
d'instruments de bord et de navigation. Captain Kirk apprenait, mais
ce nouveau type de savoir était tellement spécialisé, avait si peu
de limites, qu'il était vain d'espérer le maîtriser entièrement à
soi seul. Son équipage était devenu de plus en plus important, en
nombre et en qualité : Captain Kirk ne comptait plus les
météorologues, les géographes, les psychosociologues, les
diététiciens, les génies de la mécanique, les génies de
l'organisation, de l'acoustique, de la logistique, les génies de la
naval, et j'en passe, qui travaillaient pour lui. Ces hommes qui
étaient d'ailleurs de plus en plus des femmes étaient libres,
libres comme l'air. La plus part du temps d'ailleurs ils restaient à
terre pour limiter la charge et pour vaquer à leur nombreuses
occupations. A chaque homme ou femme, une fonction bien définie, à
chacun le souci de maîtriser le rôle qu'il a à jouer au sein de
l'ensemble, à chacun la pression de dépendre d'un autre et qu'un
autre dépende de lui. C'était à la fois beau et silencieux comme
une magie symphonique orchestrée par des musicien absents, comme un
hymne à la liberté chanté à gorge déployée par tous les organes
d'un même corps sans voix.
Armé de la sorte, lorsque la victoire
s'annonçait, elle retentissait comme le couronnement d'une séquence
logique. La défaite, ce qui arrivait encore, était une incitation à
mieux faire. La victoire avait alors pour vertu de payer les frais
des défaites. Elles servaient à produire les perfectionnements
nécessaires comme dans une partie de chasse à tous les défauts. Ce
luxe n'était pas donné à tout le monde. Les Captain Kirk de cet
acabit n'étaient pas si nombreux à se tirer la bourre sur toutes
les mers du globe. Ils étaient peu à disposer des moyens de
s'affronter à armes égales. A un tel niveau, il ne restait que la
crème de la crème, que la gelée royal du génie industrielle, que
des super mastodontes parmi d'autres géants, écrasés.
Captain Kirk pensait souvent que ces
domaines mystérieux si proches de la perfection, sur lesquels seule
une toute petite élite osait s'aventurer, était réservés qu'à
ceux qui avaient une âme pure, qu'à des anges, qu'à des
satellites de Dieu. Mais un jour, alors même que Captain Kirk se
livrait à ce type de méditation, il les avait vus tous débouler,
tout un paquet de nouveau concurrents, des adversaires émergents de
territoires reculés, comme des rabat-joies refoulés des enfers. La fête était
finie.
A suivre...
La suite dans quelques heures, quelques jours, quelques mois ou jamais.
A venir l'épisode 4 : Où on s'aperçoit que les moulins à vent sont des adversaires redoutables.
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Biens communs by Thierry Nahon est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité 2.0 France.
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