France 3 a diffusé récemment un très bon documentaire sur la souffrance au travail : la mise à mort du travail, une série documentaire de Jean-Robert Viallet. Ce film donne quelques éléments chiffrés concernant ce phénomène. Ainsi les problèmes de santé liés au travail concerneraient en France un million de personnes, à l'échelle européenne, le coût estimé de ce qui relève des maladies professionnelles et des accidents du travail, représenterait 3 à 4% du PIB des pays Européens. Ce qui est énorme. D'après l'Institut de Veille Sanitaire, la souffrance ou la détresse psychique liée au travail toucherait 1/4 des hommes et 1/3 des femmes en France. On dénombre chaque année, 300 à 400 morts reliées à cette situation. Ce chiffre est peut-être en dessous de la réalité car le sujet est relativement tabou dans la société, il n'est pas reluisant de "souffrir à son travail", là où les autres supportent.
Malgré ces statistiques assez inquiétantes ce thème n'est que rarement abordé dans les médias. Ce sont les différents suicides des salariés de Renault et plus récemment de France Télécom qui l'ont amené au devant de la scène. On a alors mis en lumière des pratiques de management discutables et commencé à évoquer la responsabilité des employeurs dans ces drames. Devant l'éloquence des témoignages de salariés soumis à des pressions quotidiennes de plus en plus importantes, les responsables des entreprises ont été obligés de mieux prendre en compte le phénomène, en tout cas d'arrêter de le nier, en veillant plus particulièrement aux conditions de travail et au stress généré par ce dernier. Quelles que soient les mesures qui seront prises, les différents articles et documentaires qui traitent du sujet démontrent comment la rationalisation des tâches, l'individualisation du travail conduit à un système de fonctionnement de plus en plus lourd à supporter pour les salariés, tout autant psychologiquement que physiquement. Il faut savoir par exemple qu'une caissière en grande surface déplace environ une tonne de marchandise par heure.
Mais après cette mise en lumière brutale, le sujet a rapidement été occulté par d'autres actualités plus importante, pour mieux comprendre "dans quel France je vis ?", comme par exemple la main de Thierry Henry, et est passé au second plan. Il y a quelques jours le journal les échos est revenu sur ce thème par l'intermédiaire d'un sondage TNS-Sofres sur la relation employeur/employé. Cet article, relayé par France Inter évoque une crise de confiance profonde entre les deux parties, les chiffres sont édifiants puisqu'à peine 42% des salariés du privé auraient encore confiance dans leur patron, dans le secteur public c'est encore pire. Mais assez bizarrement, le commentaire de ce sondage, dans ce journal plutôt proche du patronat, est présenté comme une assez bonne nouvelle : je cite, "Alors que la question du stress occupe depuis quelques semaines le devant de la scène médiatique, l'enquête ne montre pas qu'il constitue une préoccupation majeure. Xavier Lacoste y voit le signe qu'« il serait imprudent de résumer le malaise actuel dans les entreprises à une simple question de stress et de risques psychosociaux ». Pour lui, « il tient au moins autant à des incompréhensions sur les orientations stratégiques ou encore les politiques de rémunération »." Xavier Lacoste est le directeur général d'Altedia, la société de conseil en ressources humaines pour laquelle a été réalisée cette enquête. Autrement si les salariés comprenaient le bien fondé de leur souffrance, pour l'amour des orientations stratégiques de leur patron, ils iraient forcément mieux ! Merci pour les conseils en ressources humaines.
Mais le pire dans cette histoire est qu'en se rendant sur le site de TNS-Sofrès, on peut lire le résultat du sondage, et constaté qu'aucune question ne traite de la souffrance au travail, mais bien seulement de la confiance entre employeurs et employés. On y apprend d'ailleurs que le sentiment de confiance envers les employeurs varie selon la sensibilité politique, ainsi les électeurs de l'UMP ont plus confiance dans leur patron que les autres, et sont plus satisfaits de leur rémunération.
Alors si vous gagnez seulement 900 Euros par mois, dans une boîte bidon et dans une ambiance pourrie, si vous voulez garder le sourire, et ne pas être victime de détresse liée à votre travail, commencez par comprendre votre patron qui ne peut pas faire autrement que de vous exploiter compte tenu de la conjoncture économique difficile et concurrentielle, et surtout votez UMP, vous verrez ça ira tout de suite mieux. Merci pour les conseils en ressources humaines.
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