lundi 21 octobre 2013

Jojo le Maire où ?

Un article récent paru dans internetactu fait état des difficultés actuelles dans le financement des projets urbains.
 "Les acteurs publics et les grands opérateurs urbains n’ont aujourd’hui plus les moyens de faire face seuls à l’ampleur et la complexité des défis urbains. D’autres imaginations, énergies, ressources doivent être mobilisées..."
 La solution envisagée fait appel au crowdfunding, un moyen très efficace de financement :
« Le crowdfunding ou « financement par la foule » est un nouveau mode de financement de projets par le public. Ce mécanisme permet de récolter des fonds – généralement de petits montants – auprès d’un large public en vue de financer un projet artistique (musique, édition, film, etc.) ou entrepreneurial. Il fonctionne le plus souvent via Internet. Les opérations de crowdfunding peuvent être des soutiens d’initiatives de proximité ou des projets défendant certaines valeurs. Elles diffèrent des méthodes de financement traditionnelles et intègrent souvent une forte dimension affective. »
Voilà quelque chose de nouveau qui parait carrément amazing !

- Mais Monsieur le Maire, du coup qu'est-ce que vous allez foutre ?
- Au niveau des communes, le principal objectif est de garder la main, de maîtriser notre action. Il n'est plus supportable d'entendre un maire déclarer, "mais ce n'est pas moi ! C'est l'Europe, c'est l'Etat". Je ressens toujours cette dilution de la responsabilité comme un échec personnel. Nos électeurs méritent mieux et ils nous le font savoir.
- Mais alors concrètement, vous faîte quoi ?
- Je négocie. Je négocie avec les autres communes qui font partie de l'agglo. On a créé un réseau de ville de moins de 10 000 habitants, un autre pour les moins de 20 000, etc, à l'échelle du département. A plusieurs on est plus fort pour traiter nos problèmes particuliers, et les réseaux font le pendant à ceux des agglomérations au niveau départemental, régional et même Européen. Nous défendons nos intérêts particuliers, et nous participons aussi à ces autres réseaux parce que nous défendons aussi l'intérêt général. Après, il faut encore négocier avec l'Etat ou avec ses administrations, convaincre au niveau local, mais aussi national, et parfois supra-national. Nous élaborons des stratégies de bonne gouvernance, nous refondons les domaines de compétence administratives. Nous partageons des expériences carrément au niveau mondial. Je discutais d'ailleurs récemment avec mon homologue Chinois qui se plaignait de la trop grande complexité de leur système politique et administratif. C'est évident pour tous ceux qui ont essayer de travailler avec les Chinois : on y comprend rien et on a toujours l'impression de se faire avoir... Et nous sommes tombé d'accord, c'est très mauvais pour la confiance...
- En effet, quel programme !
- Mais ce n'est pas tout. Car évidemment toute cette organisation nous cherchons à la rendre plus fluide, à la clarifier, à la rendre plus accessible pour n'importe lequel de nos électeurs de blase, si je puis dire. Nous travaillons aussi très dur à la numérisation globale de ce système. Chaque réseau réel est doublé d'un réseau virtuel, qui a son tour génère des synergies administratives, des nouveaux liens bénéfiques, des raccourcis, des simplifications, auxquels nous n'avions jamais pensé, et auxquels il faut savoir faire face. Simplifier au maximum, voilà notre mot d'ordre...
- Mais vous savez faire ça ?
- C'est difficile. Nous ne maîtrisons pas la totalité des ressources technologiques. Alors nous devons négocier avec les acteurs privés du secteur, ce sont des grands groupes avec lesquels nous avons pris l'habitude de collaborer. Mais quand il s'agit de les faire travailler tous ensemble, on se heurte à des difficultés insurmontables, à des incompatibilités de format, des problèmes de traductions hasardeuses, surtout des clauses de contrat, car ils ne parlent pas tous la même langue, mais nous progressons tous les jours dans la standardisation des problèmes comme des solutions. Et cela, nous coûte beaucoup d'argent, mais tant qu'on nous en prête... Nous sommes toujours limités par nos moyens au regard de ce qui pourrait être fait...
- Mais où va tout cet argent ?
- Justement nous nous sommes associés avec un grand établissement financier pour garantir le bon usage de l'argent des contribuables. Nous avons appris à remonter à contre courant les flux de devises, comme des saumons pour frayer au plus rentable. Les dépenses d'aujourd'hui sont notre avenir. Nos dépenses sont notre richesse ! Rappelez-vous de ce dicton,  comme je vous le dit !
- Mais les cours de cash, vous les remontez jusqu'où ?
- Au plus en amont possible, en explorant aussi toutes les dérivées, les resurgences...
- Et ça donne quoi ?
- Vous aurez du mal à me croire, toutes ces questions paraissent complexes, mais j'en discutais justement avec l'un de mes conseillers qui m'expliquait, sans pouvoir l'affirmer avec certitude, que très rapidement on allait se rendre compte, preuves scientifiques à l'appui, que nos dépenses remonteraient toutes dans une même poche... Simple ! Non ?
- Monsieur le Maire, vous connaissez les Îles Caïman ?
- Oui ! C'est exact d'après mon conseiller, ce serait dans cette région que le cash finirait par déboucher...
- Et vous y êtes allés voir ?
- Ça, je n'aime pas trop en parler aux journalistes, je vous le dis entre nous, parce qu'on a vite fait de jazzer, et qu'il faudrait tout de même pas qu'on croit que les politiques se paient des croisières sur le dos des contribuables...
- Alors ! Dites !
- Nous avons monté plusieurs expéditions, des expéditions ambitieuses et importantes pour mieux connaître ces Îles Caïman...
- Et alors ?
- Alors ? Nous ne les avons jamais trouvées !
- Comment ça ?
- Oui, elles existent, elles sont indiquées sur les cartes, mais quand on y va, on ne les trouve pas là où elles devraient être. Elles ont disparu !
- C'est absurde !
- Non, pas absurde. Nous avons mandaté des scientifiques de haut vol, pour plancher sur le sujet. Et ce serait à cause du changement climatique.
- Je ne comprends pas...
- Si, si, les îles Caïman auraient été englouties par l'océan suite au réchauffement et à la montée du niveau des eaux.
- Mais où va l'argent alors ?
- Ben ! Aux Îles Caïman quand même ! C'est cette énigme que nos polytechniciens cherchent à percer. Le système fonctionnerait encore sous l'eau. Mais retrouver un système sous-marin dans l'immensité de l'océan... Vous comprenez le problème !
- Vous ne disposez pas d'avions renifleurs ?
- Ben ! Non ! La technologie est hors de prix, et quand on nous les a proposés, nous n'y avons pas cru. Vous comprenez, il y avait eu le précédent des avions renifleurs de pétrole à l'époque de Giscard d'Estain. Alors nous nous sommes méfiés.
- Il paraît que les Américains en ont !
- Et, oui ! Et, c'est grâce à ces technologies futuristes qu'ils écoutent nos secrets.
- Mais des avions renifleurs, il y en a des pas chers...
- Tout est relatif...
- Si, mon beauf à un copain qui bricole pas mal et je sais qu'il en a fabriqué. Alors si vous avez un petit budget...
- D'accord, mais derrière il y a la maintenance...
- Pas de maintenance ! Ce sont des avions qui ne volent pas...
- Intéressant ! Mais ils font quoi alors ?
- Ils reniflent, c'est tout. Vous pouvez même les installer sur un rond-point.
- C'est bien ça, j'en fait plein en ce moment. Ils sont esthétiques les avions de votre pote ?
- Nickel magnifique ! Ils sont beau comme un bouquet, une gerbe de magnificence. Enfin c'est ce qui a de marquer sur son prospectus...
- Mais ça fonctionne comment ?
- Très simple : ça renifle tout, et tout ce qui pue ça vous le renvoie en temps réel. Si les Îles Caïman, ça pue, vous pourrez les localiser sans problème, rien qu'à l'odeur. Sinon, c'est que ça ne pue pas ! Vous pouvez alors passer à autre chose.
- Génial ! Vous me laissez le contact ?
- Mais dites-moi franchement, Monsieur le Maire, votre boulot ça consiste essentiellement à construire des ronds-points...
- Euh ! C'est réducteur.
- Ce n'est rien de plus qu'une guérite avec un petit monsieur casqué ou coiffé qui gesticule dans tous les sens avec un sifflet dans la bouche...
- Oui ! C'est drôle ça !
- Vous aimiez jouer au train électrique quand vous étiez petit ?
- J'adorais ça !
- C'est comme les jeux vidéo, ça a parfois des conséquences désastreuses dans la vie réelle...
- Sûrement que ça a du générer de nombreuses vocations pour devenir chef de gare ou cheminot...
- Mais finalement, Monsieur le Maire, le crowdfunding, c'est, je résume en gros, "aide toi ! Le ciel t'aidera ?"
- Oui ! Vous avez le sens de la formule ! "Aide-toi, le ciel t'aidera !"
-  j'ai appris ça en instruction civique.
- Très bien l'instruction civique !
- Mais dites-moi, le ciel laïque et républicain, c'est un peu vous ça ? Non ? C'est votre nouveau rôle ?
- Moi ! Le ciel ? Alors un ciel sans un nuage, tout bleu, un grand ciel bleu au service de mes électeurs...

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