mercredi 9 octobre 2013

Qu'est-ce que la culture ? #1


Qu'est ce que la culture ?

Le terme culture regroupe beaucoup trop de sens différents pour être réduit à une simple définition. Les sciences humaines ou les sciences sociales n’y sont pas parvenues d’une façon complète et satisfaisante. Le cheminement nécessaire, sans épuiser la question de la culture, finalement, en a révélé toute la complexité. La ou les cultures humaines sont présentées autant comme une ressource, permettant de dépasser les contingences naturelles, de résoudre des problèmes, que, comme le moyen de découvrir les fondations et les mécanismes profonds de l'humanité, que, comme une «limitation», limitation d'un potentiel global sans cesse fragilisé par des particularismes, par des divisions, par le décalage qu'il existe toujours entre l'idée qu'on se fait de la culture (même s'il s'agit d'une idée scientifique) et la réalité beaucoup plus floue, versatile, approximative, fondamentalement instable.

Où sont les origines de la culture ?
Elles remontent à la pré-histoire et ont été envisagées par les paléoanthropologues comme une ressource d'adaptation au milieu naturel, ressource qui se serait progressivement substituée aux lois de l'évolution naturelle.

La culture des autres est-elle si différente ?
L'adaptation aux différents milieux naturels a conduit à l'émergence d'une diversité culturelle très importante. Les sociétés de Papouasie Nouvelle Guinée sont un exemple de cette très large différenciation. Les différences sont telles qu’elles ne trouvent pas d’explication simple, ni d’interprétation évidente.

Existe-t-il une base culturelle commune ?
L’ethnologie en comparant les différentes cultures a défini des invariants : une base culturelle commune à l’ensemble de l’Humanité. En même temps, notre culture contemporaine ne cesse de chercher à s’affranchir de ces constantes caractéristiques des sociétés traditionnelles.

Le mot culture existe-t-il depuis toujours ?
C’est un mot dont l’usage se généralise dans le courant de 18ème siècle avec la philosophie des Lumières. Il est alors utilisé comme un synonyme de civilisation. Il exprime de fait, une hiérarchie entre les cultures et un cheminement de l’Humanité dans la direction «d’une culture universelle» fondée sur la «Raison».

Pourquoi on confond culture avec civilisation ?
Cette «culture Universelle» dont est issue une partie de notre culture partagée, détermine des comportements raisonnables, comme des façons de penser qui nous apparaissent évidentes, rationnelles, nécessaires et utiles. Elles ne sont en fait, que l'aboutissement d'une dynamique symbolique qui a façonné un espace particulier de la société avant de se généraliser. Nos évidences partagées corroborent en fait le résultat d'associations d'idées autour de la notion de culture/civilisation. Cette culture est une élaboration sociale, artificielle et pas seulement une adaptation logique ou rationnelle à l’environnement naturel ou sociétal.

Pourquoi la culture pose autant de difficultés aux sciences ?
En fondant la culture sur la raison, on induit forcément l’idée d’une progression culturelle, d’une évolution des cultures et donc des peuples. L’anthropologie s’est inspirée dans un premier temps des travaux de Darwin (l’évolution du vivant du plus simples au  plus complexe) pour classer et comprendre le foisonnement des cultures humaines. Si le progrès technologique est avéré, si la complexification des sociétés est aussi une réalité, il est difficile d’envisager la culture selon la perspective du progrès. L’adaptation culturelle à la société contemporaine actualise et élabore une profusion de modèles inspirés de celui de la «civilisation", de celui des «cultures traditionnelles", ou bien d’innovations symboliques et artificielles, qui s’entremêlent d’une façon créative, mais sans logique globale évidente.

La culture : un déséquilibre perpétuel entre Unité et Diversité ?
Les approches contemporaines de la notion de culture sont beaucoup plus historiques que scientifiques. Elles racontent l’histoire des migrations, des rencontres entre les cultures, des dialogues, des métissages, des résistances... De fait, elles invoquent les modes d’adaptation à des sociétés pluri ou multiculturelles. Ces approches peuvent nous apparaître plus justes, plus neutres, mais elles sont surtout plus actuelles. Dans chaque pays, on définit le multiculturalisme de façon très différente. La politique s’insère toujours dans la définition de la culture qui constitue un enjeu de société important. Il n'y a pas de vérité ultime en la  matière, tous nos échanges, toutes nos réflexions, toutes nos conceptions reflètent la culture d'aujourd'hui (et la fabrique d’une certaine façon), dans ses contradictions, ses confusions ou ses paradoxes.
Cette absence de définition certaine marque une caractéristique fondamentale des cultures humaines. Leur dynamique semble définie par un projet d’unification (de clarification) sans cesse contrarié par un désir (ou par une fatalité) de différenciation.

La culture est une ressource dans le sens où elle propose et impose aux collectifs comme aux individus des modèles d’adaptation s’apparentant souvent à des solutions pour résoudre un problème. Cette ressource peut nous apparaître comme rationnelle et utilitaire. La culture ressemble aussi à un flux, à une source, qui met à disposition d’une façon arbitraire, des symboles, et qui permet aux groupes (simples ou complexes) de se « représenter comme tels », de se différencier de la nature, du règne animal, comme des autres, ou des autres cultures, de ressentir en commun, de partager des émotions, des rêves, ou une certaine folie. Il s'agit là du domaine du sensible, de l'imaginaire et de l’illusion.

La conjugaison entre cette source de symboles avec l’usage qu’on veut logique, raisonnable et évidente de la ressource culturelle, servent autant à définir nos certitudes nécessaires sur la meilleure façon de survivre et de se perpétuer, que notre incertitude fondamentale à propos des objectifs communs que nous poursuivrions ensembles. Cette dynamique limite la progression vers l'unité, permet le renouvellement et la diversité, dans un processus de construction déconstruction qui semble essentiel à l'adaptation des sociétés humaines, qu’elles soient simples ou plus complexes.

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