jeudi 10 octobre 2013

Les origines de la culture #2


Les origines de la culture humaine : culture et paléontologie

La culture serait le résultat du processus d'évolution des espèces vivantes. Elle serait une spécialisation dont la nature aurait dotée l'espèce humaine.
En première approximation, bien que non-organique, pas physique, elle fonctionnerait comme une sorte d'organe partagé, indispensable à la vie comme à la survie de l'espèce...

Petite histoire de la culture :

Premiers hominidés
Les premiers signes d'une culture humaine ont été retrouvés en Afrique ; en Tanzanie, au Kenya, en Éthiopie. On y a retrouvé des pierres taillées, des silex, datant de 1,5 à 2,9 millions d'années. Ces outils très simples ont été fabriqués en frappant des pierres les unes contre les autres, afin d'en récupérer les éclats et d'en faire des lames pour chasser des proies.

Ceux qui façonnaient ces outils, se tenaient debout et marchait sur leur jambes comme nous le faisons. Ils mesuraient entre 1m20 à 1m60, et pesaient entre 50 et 80 kg. Ces lointains ancêtres subsistaient grâce à un régime varié de plantes et de petits gibiers. Toutefois il semblerait qu'ils étaient aussi capables de chasser des proies plus grosses. Afin de se protéger contre des animaux prédateurs comme pour chasser, ils avaient dû aussi probablement développer des formes de communication et une organisation sociale.

Homo Erectus
Un ancêtre plus proche est l'Homo Erectus. Il est apparu il y a entre 1 et 1,5 millions d'années. Il ressemble à l'homme moderne dans tous ces aspects à l'exception de sa tête, qui est encore primitive. Le cerveau atteint environ 1000 cm3, environ 2/3 du cerveau de l'homme moderne.

Ces hommes vivaient en bandes qui se sont déplacées depuis les tropiques et les zone subtropicales vers les plaines d'Afrique, d'Europe et d'Asie. On les a retrouvé très au nord, dans le nord de l'Allemagne ou de la Chine. On sait qu'il s'abritaient dans des grottes, et parfois sous des huttes en peau de bête dans des lieux abrités du vent. Ils bravaient des hivers rigoureux pour chasser et poursuivre du gros gibier, des mammouths, chevaux, rhinocéros, cerfs, et bovidés. 

Ces hommes étaient des nomades. Leurs bandes étaient bien organisées. Ils disposaient d'outils et d'armes relativement bien adaptés aux territoires qu'ils arpentaient.

L'Homme de Néandertal, un homo erectus qui vivait en Europe, pratiquait déjà une chirurgie rudimentaire, prenaient soin des plus âgés et des invalides, et  enterraient ses morts au cour de rituels, en les recouvrant avec de la poudre rouge, en plaçant des offrandes de nourriture près d'eux, et parfois en les recouvrant de pétales de fleurs. A l'évidence, l'homme de Néandertal était intelligent, avait développé des sentiments forts au sein du groupe, et avait des idées à propos de la mort et possiblement de ce qui se passait après la mort.

L'homme moderne
Il y a 35000 à 40000 ans les techniques de fabrications des outils en pierre ont atteint leur plus haut stade de développement. Les équipements sont caractérisés par de nombreuses formes de choppers (haches), racloirs, ciseaux, points, et lames. Dans le sud de l'Europe, il y a environ 25000 ans, des arts de plus en plus sophistiqués se développent : gravures, murs peints, dessins abstraits, et aussi des sculptures en trois dimensions d'animaux et d'humains. Les hommes modernes sont des chasseurs-cueilleurs, nomades, qui se déplacent par petits groupes, se nourrissents de gibiers ou de plantes qu'ils rencontrent sur leur route. Ils ont considérablement amélioré les techniques de fabrication de leurs outils. Ces bandes douées et créatives de chasseurs cueilleurs ont traversé les dernières frontières vers l'Australie et l'Amérique.

Naissance des civilisations
Il y a 10000 ans a commencé la révolution agricole. C'est sur cette base que les civilisations se sont construites en développant des sociétés de plus en plus complexes.

De l'évolution naturelle à l'évolution culturelle

Ce rapide tableau montre qu'il y a plusieurs millions d'années la nature aurait doté certains primates, des hominidés, d'une compétence nouvelle, qui peut s'apparenter à la culture. Cette compétence originale dans le règne animal a pu favoriser la survie et la perpétuation de ces espèces, car elle commencent à s'aider d'outils pour se nourrir, peut-être pour se vêtir, pour s'abriter de la chaleur ou du froid. Il est aussi important de remarquer que cette nouvelle compétence serait liée à la libération de la main (bipédie) et à l'augmentation du volume du cerveau en lien avec le développement du langage. Cette évolution a donc aussi permis de développer l'imagination de ces espèces, ainsi que la capacité de communication et d'organisation sociale et politique des groupes : des premières sociétés humaines.

Ces ancêtre dont nous parlons n'évoluent pas jusqu'à l'homme moderne en suivant un schéma linéaire. Ces espèces d'hommes qui semblaient unir des individus par un lien culturel ont disparu. C'est le cas par exemple de l'homme de Néandertal. Cette extinction peut-être le résultat de la sélection naturelle. Seules les espèces humaines les mieux adaptées à leur milieu vont se reproduire et perdurer. Leur milieu a pu aussi être colonisé par d'autres espèces humaines, en concurrence avec eux pour leur survie...

L'homme moderne est apparu en Afrique avant d'essaimer partout dans le monde. La réussite de cette espèce particulière d'hommes signifie que cette dernière avait une capacité d'adaptation supérieure à celles d'autres espèces. Cette capacité s'envisage au regard du volume du cerveau, siège du langage, de l'imaginaire, des apprentissages et de la culture. Cela ne signifie pas que l'homme moderne détenait d'emblée des connaissances supérieures à celle des autres espèces. La culture semble suivre un processus d'acquisition, de capitalisation et de transmission. Il est vraisemblable qu'un ou plusieurs groupes d'homme modernes, bien qu'ayant des capacité intellectuelles supérieures aux autres, aient appris, aient emprunté des savoir-faire et des connaissances d'autres espèces humaines. Ce que ces dernières, avaient pu élaborer progressivement durant plusieurs centaines de milliers d'années.

André Leroy Gourhan avait montré en étudiant la production d'outils et les volumes des crânes humains, que plus les outils se perfectionnent lentement, plus le volume des crânes augmentait ; plus les outils se perfectionnent vite moins le volume des cranes augmente. A partir de moins 100 000 ans le volume des cranes n'augmente plus significativement alors que les outils se multiplient et se perfectionnent de plus en plus rapidement. Donc pour André Leroy Gourhan, avec l’avènement de l'homme moderne le rôle de la culture aurait pris le pas sur le rôle de l'évolution naturelle et biologique dans l'adaptation et le développement de l'espèce. L'adaptation à un milieu par la médiation de la culture aurait d'ailleurs pour caractéristique d'aller plus vite que l'évolution naturelle, les modification nécessitant plusieurs générations pour s'établir.

La culture comme un mécanisme d'adaptation

Les êtres humains, en colonisant tous les espaces de la terre, ont montré des capacité d'adaptation très importantes sans qu'intervienne l'évolution de leur biologie. Contrairement aux autres animaux, les être humains sont remarquablement peu spécialisés. Ils ne courent pas vite pour fuir ou pour chasser, ne grimpent pas très bien aux arbres, ne nagent pas bien. La seule spécialisation notable de l'espèce humaine réside dans cette capacité de fonctionner en groupe grâce à sa culture. La culture serait alors une sorte d'organe supplémentaire et partagé, invisible, immatériel mais totalement essentiel. Car nous sommes produits par la culture, nous sommes aussi les transmetteurs de la culture et conscients de cette nécessité, et nous sommes tous totalement dépendants de la culture.

Cette unique spécialisation qui n'est évidemment pas un organe, s'enracine dans la taille et la structure du cerveau ainsi que dans notre capacité physique de parler et d'utiliser des outils. En contre partie cette spécialisation nécessite un apprentissage, une transmission. On apprend de la génération qui nous précède à devenir humain et membre d'un groupe. Sans cette transmission le groupe disparaît. L'humanité de ces membres aussi. La culture est donc avant nous et restera après nous, comme un organe invisible qu'on partage avec d'autres, qui sont vivants, morts, ou à venir. Cet organe ressemble autant à une source de vie dans laquelle on baignerait, qu'à une ressource extérieur à nous.  Elle est indispensable à la vie, à la survie et à la perdurance de tout groupe humain. On peut toujours situer la ressource dans le passé, dans la capitalisation des savoirs et savoir-faire des générations précédentes, mais elle s'inscrit aussi et surtout, au présent dans l'échange, pour communiquer, coopérer, s'organiser, vivre ensemble, d'ailleurs en actualisant les modèles du passé qu'on a reçus aux nouvelles conditions du moment. Cette ressource on peut aussi la situer dans l'avenir, le futur, ou dans l'imaginaire qui l'anticipe, dans la poursuite d'un objectif commun, d'un idéal, ou d'une espérance collective, d'un sentiment partagé, d'un sens à la vie, à la vie du groupe autant qu'à celle de l'individu.

Mais parler des hommes préhistoriques et de leur culture est très pratique car il ne sont pas là pour nous contredire. Nous cherchons à déchiffrer et à comprendre les traces que leur culture a laissées, sur les parois des grottes, dans les sépultures, dans des pierres taillées. Mais nous savons très peu de choses finalement. Nous avons sûrement tendance à nous les imaginer « un peu tous pareils », avec les mêmes préoccupations, les mêmes solutions au mêmes problèmes de survie, les mêmes pensées, les mêmes idées du sacré... Mais qu'en savons nous ? Peut-être que déjà eux même se voyaient comme des êtres très différents d'un groupe à l'autre, peut-être avaient-ils des mœurs, des coutumes très diversifiés, et ce dès le départ. Il est difficile de parler et différencier dans les détails, des cultures humaines sur une période d'un million d'année et sur la base de simples traces qui ont traversé le temps.

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