Les
origines de la culture humaine : culture et paléontologie
La culture serait le résultat du
processus d'évolution des espèces vivantes. Elle serait une
spécialisation dont la nature aurait dotée l'espèce humaine.
En première approximation, bien que
non-organique, pas physique, elle fonctionnerait comme une sorte d'organe partagé,
indispensable à la vie comme à la survie de l'espèce...
Petite histoire de la culture :
Premiers hominidés
Les premiers signes d'une culture
humaine ont été retrouvés en Afrique ; en Tanzanie, au Kenya, en
Éthiopie. On y a retrouvé des pierres taillées, des silex, datant
de 1,5 à 2,9 millions d'années. Ces outils très simples ont été fabriqués en frappant des pierres les unes contre les autres, afin d'en
récupérer les éclats et d'en faire des lames pour chasser des proies.
Ceux qui façonnaient ces
outils, se tenaient debout et marchait sur leur jambes comme nous le
faisons. Ils mesuraient entre 1m20 à 1m60, et pesaient entre 50 et
80 kg. Ces lointains ancêtres subsistaient grâce à
un régime varié de plantes et de petits gibiers. Toutefois il semblerait
qu'ils étaient aussi capables de chasser des proies plus grosses. Afin de se protéger contre des animaux prédateurs comme pour chasser,
ils avaient dû aussi probablement développer des formes de
communication et une organisation sociale.
Homo Erectus
Un ancêtre plus proche est l'Homo Erectus. Il est apparu il y a entre 1 et 1,5 millions d'années. Il ressemble à l'homme moderne dans tous ces aspects à l'exception de
sa tête, qui est encore primitive. Le cerveau atteint environ 1000
cm3, environ 2/3 du cerveau de l'homme moderne.
Ces hommes vivaient en bandes qui se sont déplacées depuis
les tropiques et les zone subtropicales vers les plaines d'Afrique,
d'Europe et d'Asie. On les a retrouvé très au nord, dans le nord de
l'Allemagne ou de la Chine. On sait qu'il s'abritaient dans des grottes, et parfois sous des huttes en peau de bête dans
des lieux abrités du vent. Ils bravaient des hivers rigoureux pour
chasser et poursuivre du gros gibier, des mammouths, chevaux,
rhinocéros, cerfs, et bovidés.
Ces hommes étaient des nomades. Leurs bandes étaient bien organisées. Ils disposaient d'outils et d'armes relativement bien adaptés aux territoires qu'ils arpentaient.
L'Homme de Néandertal, un homo erectus qui vivait en Europe, pratiquait déjà
une chirurgie rudimentaire, prenaient soin des plus âgés et des
invalides, et enterraient ses morts au cour de rituels, en les
recouvrant avec de la poudre rouge, en plaçant des offrandes de
nourriture près d'eux, et parfois en les recouvrant de pétales de
fleurs. A l'évidence, l'homme de Néandertal
était intelligent, avait développé des sentiments forts au sein du
groupe, et avait des idées à propos de la mort et possiblement de
ce qui se passait après la mort.
L'homme moderne
Il y a 35000 à 40000 ans les
techniques de fabrications des outils en pierre ont atteint leur plus
haut stade de développement. Les équipements sont caractérisés
par de nombreuses formes de choppers (haches), racloirs, ciseaux,
points, et lames. Dans le sud de l'Europe, il y a environ
25000 ans, des arts de plus en plus sophistiqués se développent :
gravures, murs peints, dessins abstraits, et aussi des sculptures en
trois dimensions d'animaux et d'humains. Les hommes modernes sont des chasseurs-cueilleurs, nomades, qui se déplacent par petits groupes, se nourrissents
de gibiers ou de plantes qu'ils rencontrent sur leur route. Ils ont considérablement amélioré les techniques de fabrication de leurs outils. Ces bandes douées et
créatives de chasseurs cueilleurs ont traversé les dernières
frontières vers l'Australie et l'Amérique.
Naissance des civilisations
Il y a 10000 ans a commencé la
révolution agricole. C'est sur cette base que les civilisations se
sont construites en développant des sociétés de plus en plus complexes.
De l'évolution naturelle à
l'évolution culturelle
Ce rapide tableau montre qu'il y a
plusieurs millions d'années la nature aurait doté certains primates, des hominidés, d'une compétence nouvelle, qui peut s'apparenter à la culture. Cette
compétence originale dans le règne animal a pu favoriser la survie et la perpétuation de ces espèces, car elle commencent à s'aider d'outils pour se nourrir, peut-être pour se vêtir, pour s'abriter
de la chaleur ou du froid. Il est aussi important de remarquer
que cette nouvelle compétence serait liée à la libération de la main (bipédie) et à l'augmentation du volume du cerveau en lien avec le développement du langage. Cette évolution a donc aussi permis de développer l'imagination
de ces espèces, ainsi que la capacité de communication et d'organisation
sociale et politique des groupes : des premières sociétés humaines.
Ces ancêtre dont
nous parlons n'évoluent pas jusqu'à l'homme moderne en suivant un
schéma linéaire. Ces espèces d'hommes qui semblaient unir des individus par un lien culturel ont disparu. C'est le cas par exemple de
l'homme de Néandertal. Cette extinction peut-être
le résultat de la sélection naturelle. Seules les espèces humaines
les mieux adaptées à leur milieu vont se reproduire et perdurer.
Leur milieu a pu aussi être colonisé par d'autres espèces humaines, en
concurrence avec eux pour leur survie...
L'homme moderne
est apparu en Afrique avant d'essaimer partout dans le monde. La
réussite de cette espèce particulière d'hommes signifie que cette dernière
avait une capacité d'adaptation supérieure à celles d'autres espèces.
Cette capacité s'envisage au regard du volume du cerveau,
siège du langage, de l'imaginaire, des apprentissages et de la
culture. Cela ne signifie pas que l'homme moderne détenait
d'emblée des connaissances supérieures à celle des autres espèces. La culture semble suivre un processus
d'acquisition, de capitalisation et de transmission. Il est vraisemblable qu'un ou plusieurs groupes
d'homme modernes, bien qu'ayant des capacité intellectuelles supérieures aux autres, aient appris, aient emprunté des savoir-faire et des connaissances d'autres espèces humaines. Ce que ces dernières, avaient pu élaborer progressivement durant
plusieurs centaines de milliers d'années.
André
Leroy Gourhan avait montré en étudiant la production d'outils et
les volumes des crânes humains, que plus les outils se perfectionnent
lentement, plus le volume des crânes augmentait ; plus
les outils se perfectionnent vite moins le volume des cranes
augmente. A partir de moins 100 000 ans le volume des cranes
n'augmente plus significativement alors que les outils se multiplient
et se perfectionnent de plus en plus rapidement. Donc pour André
Leroy Gourhan, avec l’avènement de l'homme moderne le rôle de la
culture aurait pris le pas sur le rôle de l'évolution naturelle et
biologique dans l'adaptation et le développement de l'espèce. L'adaptation à un milieu par la médiation de la culture aurait d'ailleurs pour caractéristique d'aller plus vite que l'évolution naturelle, les modification nécessitant plusieurs générations pour s'établir.
La culture comme un mécanisme
d'adaptation
Les êtres humains, en colonisant tous les espaces de la terre, ont montré des capacité d'adaptation
très importantes sans qu'intervienne l'évolution de leur biologie. Contrairement aux autres animaux, les être
humains sont remarquablement peu spécialisés. Ils ne courent pas vite pour fuir ou pour chasser, ne grimpent pas très bien aux arbres, ne nagent pas bien. La seule spécialisation notable de l'espèce humaine réside dans cette capacité de fonctionner en groupe grâce à sa culture. La culture serait alors une sorte d'organe supplémentaire et partagé, invisible, immatériel mais totalement essentiel. Car nous
sommes produits par la culture, nous sommes aussi les transmetteurs
de la culture et conscients de cette nécessité, et nous sommes tous totalement dépendants de la
culture.
Cette
unique spécialisation qui n'est évidemment pas un organe, s'enracine dans la taille et la structure du
cerveau ainsi que dans notre capacité physique de parler et
d'utiliser des outils. En contre partie
cette spécialisation nécessite un apprentissage, une transmission.
On apprend de la génération qui nous précède à devenir humain et
membre d'un groupe. Sans cette transmission le groupe disparaît.
L'humanité de ces membres aussi. La culture est
donc avant nous et restera après nous, comme un organe invisible
qu'on partage avec d'autres, qui sont vivants, morts, ou à venir. Cet organe ressemble autant à une source de vie dans laquelle on baignerait, qu'à une ressource extérieur à nous. Elle est indispensable à la vie, à
la survie et à la perdurance de tout groupe humain. On peut toujours situer la ressource dans le passé, dans la capitalisation des savoirs et
savoir-faire des générations précédentes, mais elle s'inscrit aussi et surtout,
au présent dans l'échange, pour communiquer, coopérer, s'organiser, vivre ensemble,
d'ailleurs en actualisant les modèles du passé qu'on a reçus aux nouvelles conditions du
moment. Cette ressource on peut aussi la situer dans l'avenir, le futur, ou
dans l'imaginaire qui l'anticipe, dans la poursuite d'un objectif commun, d'un idéal,
ou d'une espérance collective, d'un sentiment partagé, d'un sens à la
vie, à la vie du groupe autant qu'à celle de l'individu.
Mais parler des hommes
préhistoriques et de leur culture est très pratique car il ne sont
pas là pour nous contredire. Nous cherchons à déchiffrer et à
comprendre les traces que leur culture a laissées, sur les parois des
grottes, dans les sépultures, dans des pierres taillées. Mais nous
savons très peu de choses finalement. Nous avons sûrement tendance à nous les
imaginer « un peu tous pareils », avec les mêmes
préoccupations, les mêmes solutions au mêmes problèmes de survie, les mêmes pensées, les mêmes
idées du sacré... Mais qu'en savons nous ? Peut-être que déjà
eux même se voyaient comme des êtres très différents d'un groupe
à l'autre, peut-être avaient-ils des mœurs, des coutumes très
diversifiés, et ce dès le départ. Il est difficile de parler et
différencier dans les détails, des cultures humaines sur une période
d'un million d'année et sur la base de simples traces qui ont traversé le temps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire